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Inauguration de l’exposition « Juifs et Chrétiens »

Monsieur le Président de la Collectivité Européenne d’Alsace,
Madame la Présidente des Amitiés Judéo-chrétiennes de Strasbourg,
Chers amis,

C’est une bénédiction qu’en ces temps troubles soit organisée dans des locaux publics une exposition sur la proximité entre juifs et chrétiens, proximité présentée avec bonheur comme plus grande que ce que l’on pense.

En rédigeant un ouvrage sur les interventions de Mgr Léon-Arthur Elchinger au concile Vatican II, j’ai été heureux de percevoir que l’Alsace a tenu une belle place dans le grand mouvement qui a fait passer les Chrétiens, de « l’enseignement du mépris » – selon l’expression forte du professeur Jules Isaac –– à une estime réelle et réciproque, estime renforcée par les paroles du pape Jean-Paul II dans la synagogue de Rome en avril 1986. On se souvient bien qu’il a dit alors « Vous êtes nos frères aînés », mais on oublie parfois qu’il a rajouté : « Vous êtes nos frères préférés ».

En 1964, Mgr Elchinger a dû résister à la pression très forte de prélats catholiques orientaux, qui estimaient que la situation politique liée au conflit israélo-palestinien, lui interdisait de prendre la parole sur les relations judéo-chrétiennes. Cela ne l’a pas empêché de raconter devant tous les évêques du monde ses visites à la Grande Synagogue de la Paix et ses contacts fructueux avec les grands rabbins d’Alsace. Mais à peine avait-il achevé son mémorable discours qu’un voisin de la travée du dessus le lui reprochait avec sarcasme !

Soixante ans plus tard, et alors que le dialogue judéo-chrétien a porté tant de beaux fruits, il semble que les événements récents surgis au Moyen-Orient fassent courir le risque de fissurer notre belle amitié ? Allons-nous revenir à ces temps de censure qui interdiraient aux chrétiens d’Occident de parler de leurs frères juifs pour ne pas indisposer je ne sais qui ? Votre exposition donne clairement la réponse : personne ne pourra nous empêcher de continuer d’affirmer que les juifs sont les frères aînés des chrétiens !

Plus l’Église scrute son propre mystère, plus elle reconnaît que, sans le peuple d’Israël, elle n’existerait tout simplement pas ! S’il y a un déséquilibre dans le dialogue judéo-chrétien, c’est d’ailleurs en cela qu’il s’exprime : vous pouvez vivre sans nous, car nous n’apportons rien d’essentiel à votre foi et à votre pratique religieuse…mais nous ne pouvons pas vivre sans vous.

Par conséquent, si nous vous demandons pardon, ce n’est pas seulement au titre des doctrines fausses que nous avons cultivées pendant tant de siècles à votre sujet – comme l’accusation de peuple déicide –, mais aussi et d’abord d’avoir oublié que vous êtes nos frères aînés. Et nous devrons vous demander à nouveau pardon, dans les années qui viennent, si nous parlons et agissons aujourd’hui en oubliant que vous êtes nos frères préférés.

Bernard XIBAUT,
Chancelier de l’archevêché

 

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