Chemin de croix

Vendredi 29 mars, à 10h, un chemin de croix était proposé à la communauté à l’église de Barr

« 11h, bientôt l’heure de l’apéro ! »

S’il y a bien une célébration qui divise les chrétiens, c’est celle du chemin de croix. On n’y participe pas du tout, ou on y va plus ou moins en trainant les pieds. Comme cet enfant à l’église tout à l’heure, qui, en regardant sa montre, disait à son père : « 11h, bientôt l’heure de l’apéro ! »

Cette phrase a résonné longuement en moi. Et j’ai pensé à St-Augustin qui disait : « Tu étais dedans et moi j’étais dehors. » Combien de fois Seigneur sommes-nous à l’extérieur ? Combien de fois alors que tu es là, tu veux nous transmettre quelque chose et nous ne sommes pas là, nous avons l’esprit ailleurs, nous regardons dans une autre direction ?

 

La question de la souffrance

Le chemin de croix renvoie à la notion de souffrance, de culpabilité, de trahison, de reniement et de solitude, toutes choses que nous préférons tenir éloignées de nous, et, c’est sans doute pour cela, qu’il divise.

D’ailleurs, ne dit-on pas d’une personne qui vit des choses difficiles : « Elle porte sa croix ». Peut-être le dit-on d’une façon résignée : C’est comme ça ! C’est ce qu’elle a à vivre ! Alors si déjà, chacun d’entre nous, à sa façon, porte sa croix, à quoi bon alors encore faire un chemin de croix ? Comme s’il n’y avait pas assez de souffrance, de violence dans le monde dans lequel nous vivons ? Un peu comme si nous n’avions pas assez de la nôtre à porter et que nous allions devoir encore nous charger de celle de Jésus !

 

Mais de quel Dieu parlons-nous ?

Parlons-nous d’un Dieu qui veut nous charger d’un poids supplémentaire en nous imposant des célébrations tristes et culpabilisantes ? Ou parlons-nous d’un Dieu qui a traversé les épreuves comme nous et qui veut nous donner des « outils » pour traverser les nôtres ?

Parlons-nous d’un Dieu tyrannique, qui veut nous faire payer quelque chose, parce que nous sommes pécheurs ? ou d’un Dieu qui a donné sa vie pour nous, qui se donne encore aujourd’hui, et qui n’a d’autre souci que de nous relever à chaque fois que nous tombons ?

Faut-il se complaire dans la souffrance pour faire un chemin de croix ?

 

 

Et pour aujourd’hui ?

Tout l’enjeu du chemin de croix est de nous aider à faire le lien entre les épreuves que Jésus a traversées et notre vie. Le croyons-nous ? Comme l’a dit le Père Albert en début de célébration : « Le chemin de croix n’est pas un chemin de mort, mais un chemin de vie. » C’est-à-dire qu’il ouvre à une espérance. Or l’espérance, c’est par définition dans le futur. Ce n’est pas le lieu de l’immédiateté.  C’est pour cela que c’est parfois difficile de rester dans la confiance dans les épreuves. C’est parfois difficile de croire en un Dieu qui accompagne, un dieu présent quand nous souffrons. Et pourtant, c’est un chemin de croissance spirituelle auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre.

À la fin de la célébration d’aujourd’hui, le père Albert a remis aux jeunes de la profession de foi une croix, les invitant à ne pas voir dans cet objet qu’un instrument de supplice mais aussi un instrument de Vie. Puissent-ils grandir dans la confiance en un Dieu qui accompagne et, mus par cette force intérieure, comme Simon de Cyrène ou Véronique, avoir le courage et l’audace, un jour, d’aider les plus démunis à porter leur croix.

Sylvie Parriaux

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