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Jean-Jacques Erny : leçons de vie d’un sculpteur

La sculpture, le colmarien Jean-Jacques Erny est tombé dedans quand il était petit. Son père exerçait déjà le métier de sculpteur. Fraîchement retraité depuis quatre ans, il se souvient…

(SOURCE consulté le 12 décembre 2018)

Lorsqu’il a voulu suivre les traces de son père, ce dernier ne l’a pas vraiment encouragé : « Tu devrais devenir architecte, un artisan ça ne gagne pas sa vie. » Pourtant, Jean-Jacques Erny a décidé de monter à Paris pour se former aux métiers d’art que sont la sculpture et l’ébénisterie. Il a étudié à l’école Boulle, du nom de l’ébéniste préféré de Louis XIV. De retour à Colmar, il a travaillé aux côtés de son père et de ses collaborateurs avec cette double casquette : ébéniste et sculpteur.

Transmettre un message

Contrairement aux idées reçues, un artisan ne passe pas sa vie dans son atelier. Il doit se faire connaître et se rendre parfois dans des expositions. Toute œuvre est aussi précédée par une longue étape de réflexion : « Avant de concevoir un mobilier d’église, on se demandait toujours au préalable : ‘ Où sommes-nous ? Quelle est cette église ?’».

Mon rêve ? C’est que chaque être humain ait accès à une forme de beauté. La beauté ne doit pas être un luxe.

Cette étape de réflexion était menée en lien étroit avec ses clients : « Je pense à ce directeur d’un collège qui m’avait un jour commandé une sculpture de Christ enseignant. Il l’imaginait comme un Christ-assis, en majesté. Or, pour moi, le Christ enseignant, c’est la figure de Jésus quand il marche aux côtés des pèlerins d’Emmaüs, Il les fait avancer. Mes clients, je les ai parfois fait travailler autant que moi ». Un autre aspect important à ses yeux, c’est d’avoir une œuvre lisible : « Dans une église, une sculpture doit être compréhensible, sinon ce n’est pas la peine. La fonction des objets est d’accompagner la prière. Ce n’est pas non plus la peine de mettre beaucoup de statues dans une église s‘il n’y a pas de pédagogie. »

 

Anecdotes

Le bois qu’il a préféré travailler ? Sans l’ombre d’une hésitation, il répond le tilleul parce qu’il est « dur et homogène, contrairement au noyer dont les cernes ‘s’imposent’ ». Une anecdote à partager ? On lui a souvent commandé la réalisation de chemins de croix. Or, il n’a jamais compris pourquoi le chemin de croix doit s’arrêter à la 14ème  station, c’est-à-dire à la mise au tombeau du Christ. Il a donc proposé une 15ème station, celle de la résurrection.

Sur ces paroles, Jean-Jacques Erny m’emmène voir l’église Saint-Joseph, située non loin de son domicile. Et de me montrer solennellement, à droite de l’autel, une très belle sculpture en bois représentant le Christ ressuscité : « Cette œuvre que j’ai réalisée, c’est celle que j’aime le plus. Au bas, on peut y lire cette inscription ‘ Je fus mort. Me voici vivant’ ». De fait, Jean-Jacques Erny a la foi et il ne s’en cache pas. « Pour moi, ce n’est pas un à côté. C’est essentiel à ma vie. J’ai aussi fréquenté les mouvements de jeunesse et j’ai été responsable de l’A.C.E. (Action Catholique des Enfants) pendant 30 ans  » souligne cet homme engagé qui a d’ailleurs conçu une copie en bas-relief du retable d’Issenheim pour que les personnes non-voyantes puissent accéder à cette œuvre.

Isabelle Dumont

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