CP terre de promesses

Le LIEN Interparoissial

Vous pouvez feuilleter en ligne Le LIEN Interparoissial du mois d’avril. Bonne lecture à toutes et à tous.

En chemin avec les disciples d’Emmaüs et le Ressuscité

La maturation de notre foi chrétienne, au milieu des joies et des épreuves de notre monde, s’acquiert progressivement dans la triple hospitalité que nous sommes appelés à donner au Christ, Fontaine de la Vie véritable. Dans l’expérience qu’ont vécue les disciples d’Emmaüs, chacun de nous peut retrouver les diverses étapes de la croissance et de l’allégresse spirituelles à la lumière de la rencontre avec le Ressuscité. Pour Cléophas et son ami (les deux disciples), ce cheminement commence comme un paradoxe. Alors que le Christ était déjà sorti vivant du tombeau et s’était mêlé à leur conversation, ils le comptaient encore parmi les habitants du royaume des morts. Le regard charnel, qu’ils portaient sur sa personne et son ministère, se résumait à un désenchantement : « Nous espérions, nous, que c’était Lui qui allait délivrer Israël… » (Lc 24, 21).

Dans ce paradoxe, les deux disciples représentaient les chrétiens repliés sur eux-mêmes et leurs désespoirs, des hommes au visage sombre (cf. Lc 24 17), à qui pourrait s’adresser cette exhortation du pape François : « Un chrétien mécontent, triste, insatisfait ou, pire encore, en proie au ressentiment ou à la rancœur, n’est pas crédible » (Catéchèse du 23 Novembre 2023). En devenant leur proche, Jésus entreprend la guérison de leur tristesse et leur offre le modèle de la première hospitalité, celle de la Parole de Dieu relue et comprise à travers les événements de sa Passion-Mort-Résurrection. Leur confession, après sa disparition, nous en révèle l’effet bienfaisant : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand Il nous parlait en chemin, quand Il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32).

En réalité, c’est Dieu lui-même, qui, par sa parole, agit en nous comme un feu dévorant (He 12, 29), où se consument nos ignorances, nos doutes, nos tiédeurs, nos résistances à la grâce et nos réticences à proclamer l’Évangile du Christ mort et ressuscité. Touchés par la grâce de ce feu, les deux disciples ont cédé à la charité empressée qu’exige la deuxième hospitalité, celle de l’accueil de l’étranger. À l’inconnu qui, par son enseignement, a chassé l’obscurité de leur cœur, ils n’ont pas hésité à proposer : « Reste avec nous, car le soir tombe… » (Lc 24, 29). Et, sans le savoir, c’est le Christ, leur Sauveur, qu’ils recevaient en leur demeure. Ainsi, quand nous hébergeons en nous la Parole de Dieu, par la lecture, l’écoute et la méditation des Écritures, surtout des évangiles, le feu de l’amour divin qui pénètre dans notre vie nous rend plus attentifs aux besoins des autres qu’à nos propres inquiétudes.

Voulant répondre à la charité de ses deux disciples qui ont ménagé pour lui une place à leur table, le Christ les a récompensés par le bienfait de la troisième hospitalité, celle de sa présence eucharistique. Quoi de plus sublime que cette reconnaissance du Ressuscité dans le Pain rompu ! C’est vraiment le Pain de l’espérance retrouvée, le Pain des forts grâce auquel ils ont repris, sans attendre, le chemin du retour à Jérusalem (Lc 24, 33).

S’il nous arrive aussi d’être confrontés, un jour, à la tristesse qui assombrit le visage ou à ce que les saints appellent la « nuit de la foi », laissons-nous attirer, en compagnie du Christ, par la mystique de la triple hospitalité, qui associe, dans un même mouvement, l’accueil de la Parole de Dieu, du frère et de l’Eucharistie.

Joyeuses fêtes de Pâques !

Abbé Renaud Lalèyè