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Les origines de la chapelle Saint-Nicolas se perdent dans la nuit des temps

Au cours de son histoire, la chapelle aurait eu un gardien hors du commun : un ermite qui habitait à deux pas.

Petite, mignonne, dans un écrin de verdure, surplombant une cascade, la chapelle Saint-Nicolas semble depuis toujours inviter à la méditation…

À proximité de l’église de Kruth, une route mène à travers forêts et montagnes à Ventron (Vosges), en passant par le col d’Oderen. Après 2 km, sur la gauche, la chapelle Saint-Nicolas accueille le promeneur.

Elle se dresse là, dans le val de Saint-Nicolas qui s’étend sur une longueur de 3 km, au creux duquel un ruisseau du même nom se précipite, rebondissant en cascade sur les accidents de terrain. Si les lieux sont bucoliques à souhait, ils ont aussi une histoire où la légende vient parfois se mêler.

Un lieu miraculeux

On ne connaîtra sans doute jamais l’origine exacte de la chapelle, qui se perd dans la nuit des temps. En effet, elle serait le plus ancien sanctuaire de la vallée de Saint-Amarin, après celui de Doroangus, l’antique Saint-Amarin, où le saint avait fondé un couvent au VII e siècle. D’ailleurs, les chanoines de Saint-Amarin y dépêchaient de temps en temps un des leurs pour y célébrer la messe.

Selon une légende, la chapelle d’origine s’élevait non loin d’un cimetière de tumuli. Une autre légende raconte que, vers 1550, un voiturier aurait eu un accident. La charrette, avec un attelage de plusieurs animaux, aurait basculé plusieurs mètres en contrebas dans le ruisseau. Aucun dégât. En remerciements de ce miracle, l’oratoire est construit. Ce qui est certain à cette époque, c’est que cette chapelle, que l’on nomme Saint-Nicolas des Rochers, ou Saint-Nicolas dans la Forêt, pour la différencier de l’église d’Oderen, placée sous le même vocable, n’était pas une construction isolée. Quelques bûcherons, charbonniers et fermiers habitaient dans le vallon. Une localité du nom de « Saint-Nicolas » est citée pour la première fois en 1537, mais semble disparaître pendant la Guerre de Trente Ans.

La chapelle aurait eu un gardien en la personne d’un ermite habitant à deux pas. Un pré porte encore le nom de « Waldbrüdermattel », près du frère forestier. À la date du 18 mai 1703, le chanoine Bernard de Ferrette écrit dans le diarium de Murbach qu’une jeune fille déguisée en ermite se serait présentée à Murbach pour demander l’autorisation d’occuper l’ermitage Saint-Nicolas.

Au XVIII e siècle, plusieurs miracles se seraient produits à la chapelle, attirant par le col d’Oderen beaucoup de Vosgiens. En 1776, les habitants de Ventron feront même une démarche auprès de l’évêque de Bâle (dont dépendait la vallée de la Thur) afin que la chapelle, dédiée à saint Nicolas, qui les avait tant aidés, soit restaurée. En effet, depuis 1742, le bâtiment, qui peut contenir jusqu’à trente personnes, est désaffecté, alors qu’auparavant, une messe y était célébrée trois ou quatre fois l’an.

De la Révolution à nos jours

Après la Révolution française, une nouvelle ère s’ouvre pour la chapelle. Dans une maison jumelée de Kruth s’installe Stanislas Paulin, originaire de Belfort, maître graveur à la manufacture de Wesserling et futur maire du village. Son beau-frère, Stanislas Redelsberger, est aussi son voisin. Lorsque la femme du premier tombe malade, les deux hommes font le vœu, en cas de guérison, de reconstruire la chapelle Saint-Nicolas. On pourra lire, jusqu’à la construction de l’actuel édifice, au-dessus de la porte, l’inscription « 18 Stanislas Paulin 13 ».

En 1818, lors du partage des forêts de la haute vallée, la nouvelle chapelle échoit à Oderen. Mais Kruth préférera échanger une belle parcelle de forêt pour qu’elle devienne sa propriété. Au XIX e siècle, la paroisse s’y rendra d’ailleurs deux fois par an en procession.

Avant la Première Guerre Mondiale, sans doute pour le 100 e anniversaire de l’édifice, la commune fera des travaux de restauration et installera une grille pour protéger le chœur des vols. En 1932, on procède à une nouvelle restauration. Avant la Deuxième Guerre Mondiale, la cloche de la chapelle, que les touristes et pèlerins faisaient sonner intempestivement, est offerte à un missionnaire en Afrique.

En 1957-1958, la petite chapelle qui est accolée à la route est démolie. Elle est reconstruite à quelques dizaines de mètres, sur le même plan et inaugurée le 28 juillet 1958. Une statue en bois de saint Nicolas trône sur l’autel et quatre vitraux retraçant la vie du saint diffusent une douce lumière colorée.

Cinquante ans plus tard, bénévoles et entreprises locales la restaurent pour le plus grand bonheur des touristes. En effet, aujourd’hui on continue toujours à s’y arrêter et à profiter du calme et du romantisme de la chapelle Saint-Nicolas des Rochers.

E. J.

BIBLIOGRAPHIE « La vallée de Saint-Amarin », Gilles Sifferlen (1909). « La Haute Vallée de la Thur », Saep 1981. « Le Val de Saint-Amarin », (1994). « Krüth und das obere Thurtal », A. Behra (1937).

Avec l’aimable autorisation de L’Alsace

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