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Pour la fête du Christ Roi

« Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns des autres »

(Mt 25, 31-46)

[Homélie du père Christophe Gerber, pour la fête du Christ Roi]

Frères et sœurs,

Voici que l’année liturgique touche à sa fin et nos liturgies eucharistiques sont toujours à l’arrêt. Pourquoi ? « C’est qu’il a pu être montré au juge que certains lieux de culte manquaient aux règles de protection sanitaire édictées » a reconnu Mgr Eric de Moulins-Beaufort, au lendemain de la décision du Conseil d’État » (Extrait « L’Alsace » du mardi 17 novembre 2020). Que cela nous fasse réfléchir…

Ouverture ou non, dimanche prochain, nous entrerons dans une nouvelle année liturgique. Et à nouveau la roue du temps tournera. Mais ce n’est pas un éternel retour à son point de départ. Car l’Histoire Sainte progresse, elle va vers son achèvement. Un jour sera le dernier jour, même si le Christ Roi de l’univers nous interdit d’en « conjoncturer » la date. Que dire de ce Roi ? Que penser du jugement dernier qui nous attend et dont Matthieu, l’évangéliste, évoque l’existence en son chapitre 25ème ?

Avouons, tout d’abord, que ce Roi nous déroute. Son palais est peu grandiose : « le Fils de l’homme, lui, n’a pas où reposer la tête » (Matthieu 8,20). Sa cours prend quelques distances à l’égard de son Roi. Ainsi après le discours sur le Pain de Vie, saint Jean est amené à préciser que « nombre de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner » (Jean 6,66). Au passage, évoquons la scène où Jacques et Jean ont l’audace de demander à Jésus de « siéger l’un à sa droite et l’autre à sa gauche » suite à une jalousie entre apôtres. Pensons aussi à toutes ces incompréhensions : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jean 14,5). Et Philippe de poursuivre après Thomas : « Montre-nous le Père et cela nous suffit » (Jean 14,8). Et pour terminer, allons à Gethsémani. Ici, Judas vient de trahir le Seigneur de la Sainte Cène. Les disciples, quant à eux, s’endorment, puis fuient. Et notre ami Pierre n’hésite pas à renier le Maître. Oui, frères et sœurs, nous sommes bien loin des grands de ce monde. Et cependant, notre Roi est bien celui de l’univers.

Continuons de nous laisser dérouter. Roi de l’univers d’un côté, Bon Berger de l’autre. Ainsi chaque brebis a du prix à ses yeux. Égarées, il n’hésite pas à les ramener. Blessées, il les guérit. Prisonnières, il les délivre. Bien plus, il va chez les pécheurs, les pauvres, les malades, ceux qui sont rejetés, les mal-aimés, les blessés de la vie. Quelle grâce, frères et sœurs, de pouvoir achever notre cycle liturgique en redécouvrant le vrai visage du Seigneur Christ, Roi de l’univers.

Par ailleurs, l’Évangile de ce dimanche nous rend spectateur du jugement du Fils de l’homme. Ce dernier séparera les hommes les uns des autres. « Ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle » (Matthieu 25, 46). Ce jugement mérite toute notre attention puisqu’il nous concernera un jour. Ici, comment ne pas songer à saint Jean de la Croix. « Au soir de notre vie, écrit-il, c’est sur l’amour que nous serons jugés ». Si nous voulons savoir ce que signifie le verbe « aimer », il suffit d’interroger tous ceux que Jésus a rencontrés sur sa route : Zachée, la Samaritaine, la femme adultère, l’homme à la main desséchée et tant d’autres. A leur côté, Jésus a enduré mépris et réprobation. Mais il atteint son objectif : les remettre debout en leur redonnant confiance et dignité.

Vous l’avez compris, frères et sœurs, chacun de nous sera jugé à partir du commandement de l’amour du prochain. Ainsi, au soir de notre vie, nous nous trouverons face à face avec les visages rencontrés ou évités et nous les entendrons chacun nous dire : « Tout ce que tu m’as fait, c’est à Dieu que tu l’as fait. Tout ce que tu m’as donné de joie ou de souffrance, c’est à Dieu que tu l’as donné ». Du coup, ce ne sera pas un jour de ténèbres mais un jour de lumière. Nous nous verrons tels que nous sommes. Et nous mesurerons ainsi notre distance à celui dont nous aurions dû être image et ressemblance.

En résumé, cet Évangile du jugement dernier nous rappelle que c’est devant « l’autre », ce prochain le plus proche et le plus quotidien, ce quelqu’un le plus quelconque, peut- être, aux yeux des hommes, mais précieux aux yeux de Dieu, que se joue notre destin éternel.

Voilà, Frères et Sœurs, ce que signifie cette fête du Christ Roi. A la question : « A quoi ressemble l’amour ? », saint Augustin répond ainsi : « Il a des MAINS pour aider les autres. Il a des PIEDS pour se précipiter vers les nécessiteux. Il a des YEUX pour voir les besoins. Il a des OREILLES pour entendre les remerciements ». Et nous que faisons-nous de nos MAINS, de nos PIEDS, de nos YEUX et de nos OREILLES pour que plus jamais nous ne lisions – dans quelque journal que se soit- « Si l’Église a perdu, cette fois-ci, c’est qu’il a pu être montré au juge que certains lieux de culte manquaient aux règles de protection sanitaire édictées » ? Amen.

Christophe Gerber, curé de la communauté de paroisse « Les Rives de L’Ill – Colmar »

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