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L’homélie du jour

Homélie du 25 avril 2024

La fête de Saint Marc vient interrompre la lecture continue de l’Évangile de Jean qui nous est proposée durant le temps pascal. Nous savons que la finale du deuxième Évangile – reconnue cependant comme inspirée – n’est pas de la plume de saint Marc : elle est l’œuvre d’un transcripteur tardif, soucieux de ne pas clore l’Évangile sur la mention de la « peur » des femmes venues au tombeau au matin de Pâques. « Bouleversées » par l’annonce que vient de leur faire un « jeune homme vêtu d’une robe blanche, assis à droite » (16, 5), elles « s’enfuirent loin du tombeau ». La description de la rencontre suggère pourtant une apparition du Ressuscité, que les femmes n’ont pas reconnu, mais dont le message a néanmoins été transmis « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié : il est ressuscité. Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit » (16, 6-7). L’ajout postérieur appelé « finale canonique » et que nous lisons aujourd’hui, vient préciser, à partir des autres récits d’apparitions du Ressuscité, le contenu de la mission confiée par Jésus à ses apôtres, mission qu’ils devront exercer au cœur de la vie des hommes, dans leur « Galilée » quotidienne où le Seigneur les précède.

« Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient ». Ce verset est parmi ceux qui explicitent le mieux la mystérieuse synergie entre l’envoyé et son Maître, tout à l’image de celle qui unit le Père et le Fils pour une même action salvifique. Le Seigneur « travaille » par ses disciples, avec eux et en eux afin de continuer à rassembler les enfants dispersés de Dieu son Père autour de l’étendard de sa Croix glorieuse, d’où il continue à appeler tous les hommes au salut. Le « travail » dont il est question est en effet le travail d’enfantement du monde nouveau, commencé par la Passion-Résurrection du Seigneur, continué tout au long de l’histoire par l’Eglise, en union étroite avec le Christ vivant en elle.

Aujourd’hui comme hier, il est urgent de proclamer la « Bonne Nouvelle » de la Croix glorieuse de Jésus, l’Arbre de Vie qui nous délivre de la peur de la mort. Mais pour pouvoir annoncer de façon convaincante ce mystère, il est indispensable que nous osions d’abord nous y exposer nous-mêmes, et que nous nous laissions guérir de nos résistances à cette épiphanie déconcertante de l’amour. Car nous aussi nous sommes encore dans les douleurs de l’enfantement à la réalité nouvelle inaugurée par la Pâque de Notre-Seigneur. Chaque jour nous avons à rechoisir sa seigneurie, c’est-à-dire à lui faire acte d’allégeance dans la foi. Ce qui implique que nous renoncions à notre autonomie orgueilleuse pour nous « tenir humblement sous la main puissante de Dieu » (1ère lect.). Or « nous revêtir d’humilité » est un « travail » ardu que nous ne saurions ni sous-estimer – ni encore moins éluder, car nous régresserions vers une religiosité hypocrite, le disciple n’étant plus à l’image de son Maître.

Ce combat de l’humilité est d’ailleurs étroitement lié à celui de la foi, comme le confirme Saint Pierre : « le démon comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1ère lect.). Le démon ne cherche rien d’autre qu’à nous détourner du salut gratuitement offert en Jésus-Christ, en nous faisant miroiter une illusoire prétention à l’auto-suffisance, qui nous permettrait de nous passer de la foi. Hélas, « celui qui refusera de croire sera condamné », car « Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce ».

Tout missionnaire de l’Evangile devrait demander quotidiennement d’avoir « le cœur bouleversé d’entendre » (Ac 2, 3) cette Parole qui nous crie l’amour de Dieu et nous le rend visible sur le visage de son Christ : « Il m’a aimé et c’est livré pour moi » (Ga 2,20). Notre foi pourra alors devenir communion d’amour et de vie, permettant au Seigneur de « travailler avec nous » et par nous, « confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnent ».

Vierge Marie, tu exhortais Sainte Faustine à développer trois vertus : “l’humilité, l’humilité et l’humilité” ; c’est elle en effet qui fait la vérité dans nos vies, nous purifie de l’orgueil, et nous dispose à l’accueil de la grâce. Apprends-nous à aimer l’humilité, à la rechercher, à la cultiver en ne refusant pas les petites humiliations de la vie quotidienne. Ta fille de prédilection, Saint Bernadette, ne disait-elle pas : “Il faut beaucoup d’humiliations pour faire un peu d’humilité !”. Aide-nous, Marie, malgré notre répulsion spontanée, à accepter avec joie le travail d’“humblification” entrepris par l’Esprit Saint, car il n’est pas d’autre chemin pour purifier notre foi, et devenir un disciple du Christ qui lui ressemble.


Abbé Philippe Link

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