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L’homélie du jour

Homélie du 20 avril 2024

Le discours du Pain de vie continue son effet : maintenant, ce ne sont plus seulement les juifs qui sont scandalisés par les propos de Jésus mais les disciples : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : ‘Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !’ » Les paroles de Jésus sont tellement déconcertantes qu’elles viennent jusqu’à heurter ceux qui sont le plus proche de lui. Cette crise entre Jésus et ses disciples apparaît dans tous les évangiles. Les synoptiques, de leur côté, la situe au cœur de la confession de Pierre à Césarée (Cf. Mc 8, 27-33 ; Mt 16, 13-22 ; Lc 9, 18-22).

En fait, ce qui a choqué la plupart des disciples ce n’est pas que Jésus prétende donner sa chair à manger – au sens propre du terme –. On ne peut les soupçonner d’une interprétation littérale aussi grossièrement matérielle. Ce qui les a heurtés c’est que Jésus prétende être d’origine divine et se présente comme le don ultime et définitif de Dieu.

Ils refusent de reconnaître la filiation divine de Jésus. En lui, ils ne voient qu’un homme. Du coup, la proposition selon laquelle le monde serait vivifié par son sacrifice ne peut que leur paraître absurde.

Ils butent aussi sur un second point. En admettant que la prétention de Jésus à être de condition divine soit vraie, comment le Maître de la Vie pourrait-il être effleuré par l’ombre de la mort ? Comment le salut qui a pour auteur le Dieu de la vie pourrait-il emprunter le chemin de la mort ?

Jésus a bien compris que c’est ici que le bas blesse. Voilà pourquoi il insiste sur sa divinité en se révélant comme celui qui vient accomplir la prophétie du Fils de l’Homme du prophète Daniel (Cf. Dn 3, 14) : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (versets 61-63).

Jésus pointe bien le lieu de vérité de notre foi dans notre manière de nous situer par rapport à sa personne, plus précisément par rapport à deux points fondamentaux qui constituent le propre du mystère de sa personne : son incarnation et son passage par la mort pour donner la vie.

Derrière les versets de l’évangile de ce jour, nous pouvons reconnaître deux objections majeures que l’on fait souvent au christianisme : Comment imaginer un Dieu qui en s’incarnant se compromettrait avec sa création au point de s’enfoncer dans une chair considérée a priori comme mauvaise ; et un Dieu qui prétendrait donner la vie aux hommes en passant par la mort, n’est-il pas tout aussi impensable ?

En fait, ces deux objections au scandale de l’incarnation ont de tout temps alimenté les thèses gnostiques, ésotériques, anti-chrétiennes, ces dernières reposant sur des visions docètes ou adoptianistes du mystère de la personne de Jésus-Christ. Les premières allèguent que Dieu aurait fait semblant d’assumer une nature humaine. Pour les secondes, Jésus ne serait tout au plus qu’un grand initié ayant été adombré par l’esprit du Christ. Si l’homme Jésus serait bien mort, il n’en serait pas de même du Christ, cette créature purement spirituelle.

Saint Jean nous met ici devant la question fondamentale que Jésus adresse à tous les hommes de tous les temps : « Pour toi qui suis-je ? », interrogation qui appelle de notre part une réponse de foi fondatrice pour notre vie chrétienne et déterminante pour notre salut.

Seigneur, devant le mystère de ta personne, fais-nous la grâce de confesser avec saint Pierre : « nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ». Nous te reconnaissons pour notre Sauveur, le Fils de Dieu fait homme pour le salut du monde. Nous sommes pécheurs et nous avons besoin de toi. « Vers qui pourrions-nous aller ? Toi seul as les paroles de la vie éternelle ! »


Abbé Philippe Link

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