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L’homélie du jour

Homélie du 17 mars 2024

Quel est le signe qui a fait comprendre à Jésus que son heure était venue ? Ce signe, ce sont ces quelques Grecs qui cherchent à le voir, qui cherchent eux aussi à être sauvés. Jésus avait dit qu’il donnerait sa vie pour que d’autres brebis se joignent à son troupeau. La demande de ces étrangers lui indique que le moment est venu de donner effectivement sa vie pour les hommes de toutes langues, races et nations. L’heure est donc venue.

Et Jésus va préciser ce qui va se passer durant cette heure : « Le Fils de l’homme va être glorifié ». À l’heure est associée la gloire. Au don total de soi sur la croix est associée sa glorification. Il nous faut essayer de comprendre ce que Jésus veut nous dire quand il parle de sa glorification. Au terme du miracle des noces de Cana, il nous est dit que Jésus « manifesta sa gloire ». Un peu plus tard, Jésus précisera qu’il ne reçoit pas la gloire des hommes mais de son Père (cf. Jn 5,41), alors que les hommes recherchent leur gloire les uns des autres. Seul le Père glorifie Jésus et la voix qui vient du ciel le confirme : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore » (Jn 12,28).

Nous aurions tendance à associer au mot « gloire » la seule résurrection de Jésus. Car pour nous, la gloire d’un homme est dans ce qui est beau, étincelant. Mais pour Dieu, la gloire, c’est tout autre chose. La gloire de Dieu est la manifestation éclatante de sa Sainteté. Toute la vie de Jésus est gloire car elle dit Dieu au monde. Et le sommet de sa glorification est sur la croix car c’est dans son abaissement extrême qu’il manifeste au mieux l’amour de Dieu pour les hommes. Jésus est glorifié dans son humiliation, il est glorifié dans sa crucifixion car c’est par ce langage de la croix qui est scandale pour les juifs et folie pour les païens qu’il exprime au mieux l’amour de Dieu pour tous les hommes.

Est-ce que nous nous rendons compte que, par cette seule parole – « l’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié » –, Jésus est en train de bouleverser fondamentalement notre vision du monde, de nous-mêmes et de Dieu ? Dieu n’est pas visible dans ce qui brille aux yeux des hommes. Non, il est dans ce qui est caché, oublié, blessé.

Dieu n’est pas perceptible dans la gloire mondaine mais plutôt dans ce qui est humble. La croix est un signe paradoxal. Dans ce qu’il y a de plus abject se laisse voir la gloire de Dieu. « Nous voulons voir Jésus », demandaient quelques Grecs. Pour entrer dans le mystère pascal de Jésus, il faut abandonner tout regard habituel sur Dieu. On ne peut voir Dieu qu’à partir de Dieu et non de ce que nous voulons voir de Lui.

Cette page d’Évangile est donc une invitation à la contemplation. Pour entrer dans la grande Semaine Sainte, il nous faut plonger en Dieu par la prière. La liturgie de l’Église est cette médiation, comme l’ont été Philippe et André pour les Grecs, pour nous aider à voir Jésus. Par la prière, non seulement se révèle à nous le vrai visage de Jésus mais aussi notre propre visage.

Nous-mêmes, nous sommes en chemin de glorification. Notre heure ne cesse de venir. C’est l’heure de notre détachement de ce qui passe pour ne nous attacher qu’au Christ. En perdant notre vie, nous la gardons en vie éternelle.

Concluons avec l’apôtre Paul : « Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit » (2 Co 3,18). Telle est notre foi. Telle est notre espérance.


Abbé Philippe Link

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