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L’homélie du jour

Homélie du 13 mars 2024

La question sous-jacente à la péricope de ce jour est celle de la « cause première » agissante en Jésus pour lui permettre de réaliser les œuvres qu’il accomplit. Certes « guérir un paralysé » est une œuvre bonne qui porterait à penser que c’est Dieu qui agit ; mais si ce prodige est accompli un jour de sabbat, comment Dieu pourrait-il en être l’auteur, lui qui a interdit toute activité thérapeutique ce jour-là, sauf en cas de danger mortel ?

La réponse de Jésus se résume en ces seuls mots : « mon Père est toujours à l’œuvre », et donc aussi le jour du shabbat. C’est même tout particulièrement ce jour-là qu’il redouble d’efforts pour révéler sa paternité aux hommes, comme il vient de le faire en guérissant le paralysé.

Devant la résistance farouche de ses interlocuteurs, Jésus renchérit avec patience pour leur préciser cette fois en quoi consiste sa filiation, qui cause un tel scandale : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même ». Le Fils n’a aucun pouvoir d’action en lui-même qui serait distinct de celui du Père ; il réalise dans notre monde créé les œuvres « qu’il voit faire par le Père » depuis toute éternité au sein de la nature divine incréée. « Ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement » : l’œuvre de salut procède du Père et est réalisée conjointement par le Fils. C’est le Père qui agit en son Fils dans l’Esprit ; et il peut le faire parce que le Fils est tout entier livré au bon vouloir de son Père dont il reçoit la Vie en plénitude. « Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait ». Non pas dans une extériorité objectivante, mais dans une circumincession d’amour, de vie et d’action : « Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même ».

L’amour sans mesure du Père pour son Fils le conduit à lui donner intégralement tout son être, qui est amour et vie, de sorte que le Fils en dispose pleinement pour la communiquer à son tour : « Le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut ». Ce « jugement » de miséricorde, le Fils a reçu du Père « le pouvoir de le prononcer parce qu’il est le Fils de l’homme », c’est-à-dire parce qu’il partage aussi la condition humaine de ceux qui en seront bénéficiaires. Ce jugement cependant, le Fils ne le prononce pas en fonction de la moralité de leurs actes, mais à partir de ce qu’il « entend » de la part de son Père. Car celui-ci veut aussi être le Père de tous les hommes auxquels « il a envoyé » son Fils, pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du salut par la foi : « Celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car il est déjà passé de la mort à la vie ».

« Cieux criez de joie, et que la terre exulte ! Car le Seigneur console son peuple et de ses pauvres il prend pitié » (1ère lect.). L’heure est venue « d’entendre sa voix » qui nous appelle : « Sortez de votre prison ! Venez à la lumière » (Ibid). Non le Seigneur ne nous a pas abandonnés, il ne nous a pas oubliés : « Il est fidèle en tout ce qu’il fait. Il est proche de ceux qui l’invoquent en vérité » (Ps 144[145]). Sortons de nos tombeaux et marchons à la lumière du Christ, afin qu’en honorant le Fils, nous rendions gloire au « Père qui l’a envoyé », pour qu’il soit notre salut, notre résurrection et notre vie.


Abbé Philippe Link

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