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Témoignage : Être parents-missionnaires

Chez les Schmitthaeusler, la mission est une affaire de famille. Si Roland, le père, est diacre permanent dans le diocèse de Strasbourg, Christine, la mère, est engagée dans la catéchèse. Parmi les 4 enfants de ce couple, marié depuis 52 ans, l’aîné Olivier, est membre des Missions Étrangères de Paris (MEP) et vicaire apostolique au Cambodge depuis 2010.

Pour vous, qu’est-ce que la mission ?

R.S. : C’est, dans chaque situation et événement de la vie, trouver une parole d’évangile qui lui correspond. Ma théologie est la suivante : dans la Bible, il y a au moins un mot, une lettre pour chacun d’entre nous.

Christine, comment vivez-vous la mission diaconale de votre mari ?

C.S. : Je ne mélange pas notre vie de couple et notre vie de « Roland-diacre ». Roland est mon mari et non mon diacre, même si parfois, il me donne des « paroles » de l’écriture pour mon édification. Cela qui m’agace un peu… bien qu’il ait raison ! (rires)

Roland, vous étiez diacre permanent au service du diocèse de Strasbourg durant une trentaine d’années après avoir servi le diocèse de Versailles. Laquelle de vos nombreuses missions vous a le plus évangélisé ?

R.S. : L’éveil à la foi pendant 15 ans à Versailles : c’était fabuleux ! Lorsqu’on fait parler les enfants, ils sont capables de démonter n’importe quel théologien ! J’ai été impressionné par ces petits missionnaires qui faisaient venir leurs copains, et dont les parents, présents aux séances, pouvaient entendre ce qu’ils disaient et se faire évangéliser.

Voyez-vous ce qui préparait votre fils Olivier à sa destinée, dans l’éducation que vous lui avez donnée ?

R.S. : Tous les soirs, notre petit dernier voulait que je lui raconte la parabole du Bon Samaritain. Mais nous ne parlions pas évangile du matin au soir.

C.S. : Olivier est prêtre depuis sa naissance ! (rires) Tout-petit, il était très sensible au religieux. Or, nous n’étions pas particulièrement fervents. C’est lui qui nous a ramenés à l’Église. Il a beaucoup aidé son père avant son ordination diaconale, en lui tapant ses homélies à l’ordinateur ou en lui tricotant une étole.

Selon vous, la séparation d’avec le milieu familial est-elle nécessaire à l’engagement d’un prêtre MEP ?

R.S : Elle est importante car sinon l’envol n’est pas complet. Dans le temps, la coupure était bien plus forte pour les MEP. Une fois parti dans le bateau, c’était fini, plus de relation !

C.S. : Aujourd’hui on a beaucoup de chance avec Whatsapp. Parmi nos 4 enfants, Olivier est celui qui nous donne le plus de nouvelles.  Il envoie des photos et un petit mot, histoire de nous signaler qu’il est encore vivant et qu’il pense à nous. On a toujours un bouquet de fleurs pour les anniversaires, la fête des mères ou des pères.

Que dire à des parents qui apprennent la vocation sacerdotale de leur enfant ?

C.S. : Quelle chance, quel bonheur de donner un fils à l’Église ! Evidemment, ce n’est pas facile. Mais on le sent : notre fils prêtre est fils « par location ». Il a un autre père et une autre mère. Si je ne l’avais pas compris, je n’aurais jamais laissé mon fils partir.

R.S. : Je pense à l’attitude de Marie face à Jésus. Ce n’était pas « oui, oui mon Jésus ! Va faire ta mission. » Et non ! Il a fallu faire dire à Jésus : « Ta mère, tes frères et sœurs te cherchent ». Et Lui de répondre : « qui sont ma mère, mes sœurs et mes frères ? Ceux qui font la volonté du Père. » Gloups !

C.S. : Si on ne s’est pas mis cette phrase en tête, on ne peut pas être parents de prêtres et de missionnaires ! Lorsque nous avons faits baptiser nos petits, une phrase de Khalil Gibran nous habitait : « Vos enfants ne sont pas vos enfants ». Nous sommes parents pour les élever, et non pour les tenir et retenir.

Comment soutenez-vous la mission de votre fils Olivier, évêque missionnaire au Cambodge ?

R.S : Notre rôle est de rappeler à notre entourage que la mission existe en dehors du pays, ce qui s’avère un peu difficile à comprendre pour certains. Nous entendons souvent : « Mais qu’est-il allé faire là-bas ? Il y a suffisamment de travail en Alsace ! »

C.S : Dans la mission, la solitude est présente en tant que français en terre étrangère, d’autant plus qu’il est évêque. Alors nous le soutenons par notre amour.

La mission de votre fils soutient-elle votre propre mission de parents ?

C.S. : Olivier, notre aîné, s’est beaucoup occupé de nous. Il était toujours présent pour m’aider à la naissance de ses frères.  A présent, c’est lui qui « tient » toute notre famille, en étant loin. Pour moi, mère de famille, la préservation de l’entente familiale est essentielle ! Notre fils soutient l’unité de la famille, sans conseils ni prêches. Il raconte sa vie, il écoute la nôtre. Sa présence est remplie de la force de l’Esprit Saint.

Comment accompagner la vocation propre de chacun de vos enfants ?

C.S. :  Nous avons éduqué nos enfants dans le respect des autres, et leur avons toujours dit : « Faites ce que vous voulez, mais faites-le bien. » Quand ils étaient petits, nous avons faits ce que nous avions à faire. Aujourd’hui, c’est fini. On est heureux de les recevoir, partageant avec eux les épreuves et les moments heureux. Nous sommes parents dans l’affection quotidienne, et non leurs mentors dans leur réflexion et leurs actions. Cette partie-là est terminée pour nous. L’Esprit-Saint s’en occupe désormais !

R.S. : Nous sommes des serviteurs inutiles !

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