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Couples islamo-chrétiens

logo_pasto-migrantsAujourd’hui, des chrétiens et des musulmans se rencontrent, s’aiment, vivent ensemble en couple, envisagent ou non de se marier, fondent une famille.

Comment vivre ou accompagner cette réalité ?

Ce feuillet-guide peut rejoindre des questions que vous vous posez, vous aider à les préciser, vous éclairer sur des rites et des traditions, sur des démarches religieuses possibles. Il a été élaboré par un groupe d’échanges, de recherche initié par le Service Diocésain de la Pastorale des Migrants et en lien avec la Commission Diocésaine des relations avec l’Islam.

Un dossier plus complet est disponible à la  Pastorale des Migrants 17 rue de la Cigale 68200 Mulhouse
Pour tout contact ou renseignement un Email : pastomigrants.alsace@orange.fr

 

Quelques points d’attention, formulés à partir de l’expérience des foyers islamo-chrétiens

Construire une vie de couple est toujours un défi, une aventure. Chacun s’engage avec son caractère, ses origines, sa sensibilité humaine et religieuse. Cette dernière dimension peut demander plus d’attention lorsque les conjoints sont de religions différentes. Des différences et des distances existent, il ne s’agit pas de les effacer mais de les mesurer, loyalement et sereinement ensemble.

Donnez-vous du temps pour évoquer les liens avec vos parents, vos frères et sœurs, vos familles élargies et quels liens vous avez avec vos communautés religieuses respectives.

Osez aborder ensemble les points qui vous semblent essentiels dans la vie commune et dans l’éducation humaine et religieuse des enfants.

Informez-vous sur le statut juridique des couples mixtes, dans les pays de droit musulman (à savoir impérativement avant un séjour au pays…)

Protégez-vous mutuellement des pressions des communautés respectives.

Tout couple qui se marie en France est soumis à la législation en vigueur !

Le mariage civil est seul valide

En ce qui concerne les diverses cérémonies religieuses, un principe juridique est clair : le droit français ne reconnaît d’aucun autre mariage que le mariage civil. En France, un mariage seulement religieux est sans valeur civile. Par contre, il est interdit aux ministres du culte de célébrer un mariage religieux qui n’aurait pas été précédé par un mariage civil (art. 199 et 200 du code civil).

La France a signé des accords bilatéraux avec certains pays, dont l’Algérie et le Maroc. Si le mariage est conclu dans un consulat étranger, il est soumis aux lois matrimoniales du pays, souvent plus défavorables quant aux droits des femmes.

La dissolution du lien matrimonial.

Le droit français ne reconnaît que les divorces et les nullités du lien matrimonial prononcés par des tribunaux civils.

Les conflits d’autorité parentale dans l’éducation des enfants

L’éducation morale et religieuse de l’enfant s’appuie sur l’autorité commune des parents (art.-371).

En conséquence, un parent, favorable au sacrement de baptême de son enfant ne peut faire baptiser l’enfant contre le gré de l’autre parent.

Remarque:

Quand un couple se marie, le partenaire musulman se réfère plus ou moins explicitement d’une part, au statut juridique du mariage dans les pays d’origines de sa famille et d’autre part au statut du mariage dans la religion musulmane.

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Quelques dispositions liées au droit musulman

Sens et statut du mariage catholique

En pays musulman, le mariage est fait sans passer à la mosquée. Le mariage est donc à distinguer
des noces et autres festivités qui, parfois ne suivent pas immédiatement.
Conditions pour la validité du mariage selon le droit musulman:

  • Le consentement des deux époux (le silence de la femme tient lieu de consentement)
  • La fixation de la dot (la douaire) qui peut être symbolique
  • L’établissement d’un contrat est absolument nécessaire. Le droit islamique permet aux mariés d’aménager leurs relations dans le mariage conformément à leurs désirs. Une femme peut y faire stipuler l’engagement de monogamie (dans les pays où la  polygamie est autorisée). On peut stipuler dans le contrat, que le couple n’habitera pas dans une des deux belles-familles ou qu’il ne résidera jamais à tel endroit, permettre à la femme d’exercer une profession à l’extérieur. En France ce contrat est établi devant un notaire
  • La présence de deux témoins majeurs et sains d’esprit est également nécessaire

La polygamie: Les conditions d’équité posées par le Coran(4,3) peuvent permettre au musulman d’épouser quatre femmes. La loi française interdit la polygamie.
La filiation légale: Dans le droit islamique traditionnel, comme dans les codes modernes, chaque individu est rattaché par filiation à son père. Il n’y a ni légitimation de naissance hors mariage. Les
enfants ont donc pour père le mari de leur mère. Ils en portent le nom, ont sa nationalité et doivent suivre sa religion. L’enfant né de parents non mariés ne peut être rattaché légalement à son père;
seule existe alors la filiation maternelle dûment établie.
La répudiation et le divorce judiciaire: Dans le droit musulman classique et en nombre de codes modernes, la dissolution peut-être prononcée par décision unilatérale du mari : c’est la répudiation. Les codes modernes ont intégré la pratique du divorce judiciaire demandé par la femme pour des causes déterminées (manquement grave du mari à ses devoirs, abandon, infirmité grave, etc…). Ils ont également intégré la pratique permettant à la femme d’obtenir sa liberté moyennant le versement d’une compensation. Le divorce par consentement mutuel est admis.

Le mariage religieux dans l’église catholique est un sacrement.
Le sacrement est un signe concret et visible par lequel Dieu s’engage avec les époux en leur donnant la force de tenir leur engagement.
Cet engagement entre les époux s’exprime à travers deux gestes en présence du prêtre et de deux témoins choisis par les mariés:

  • l’échange des consentements
  • la bénédiction et remise des alliances aux deux époux

C’est une démarche qui engage pour la vie. En cas de divorce, le remariage religieux n’est pas possible.
En aucun cas l’Eglise catholique demande la conversion ou le baptême d’un non catholique.

Le statut du mariage interreligieux pour les musulmans

Le mariage d’un musulman avec une femme « du Livre » (juive ou chrétienne) est autorisé. Tandis qu’au regard du droit islamique le mariage d’une musulmane avec un non-musulman, fut-il juif ou
chrétien, est absolument nul. En interprétant le silence du Coran, les Ecoles de droit l’interdisent expressément et, à leur suite, les législations islamiques actuelles. Outre l’argument d’autorité et le
consensus quasi-unanime, on fonde cette interdiction sur plusieurs raisons. Un non-musulman ne peut avoir autorité ni sur un musulman, ni sur une musulmane. Les enfants doivent avoir la religion de leur père. Il paraît donc inadmissible qu’une musulmane donne naissance à des enfants qui, légalement, ne seront points musulmans.
Devant cet interdit certains recourent à la conversion, sans y attacher une importance religieuse. Un certain nombre de musulmans sont enclins, actuellement, à réviser cette position dans le sens d’un plus grand respect de la liberté de chacun devant sa conscience, tant pour le rejet de toute pression à la conversion que pour le mariage d’une musulmane avec un non-musulman.

Statut du mariage dans la religion musulmane

Education religieuse des enfants dans un couple mixte

Le mariage se présente dans le Coran, comme une organisation de la sexualité, lieu de la fécondité et de l’accroissement de la communauté musulmane.
Dans la pensée islamique traditionnelle, et en particulier dans le droit, le mariage est d’abord une sorte de contrat social, devant témoins, qu’on peut exprimer ainsi : « Contrat par lequel un homme s’engage à verser une dot à une femme et à pourvoir à son entretien ; en contrepartie il pourra avoir avec elle, licitement, des rapports intimes ». Une fois le contrat exprimé devant témoins, en
privé ou devant le juge, parfois à la mosquée, les assistants récitent la sourate 1 (la Fâtiha)
Le mariage musulman n’a donc pas un caractère sacramentel, il se rapproche du statut du mariage dans le protestantisme, il n’exprime pas comme dans la tradition catholique l’alliance de Dieu avec le couple. Si les femmes sont, au plan de la foi, égales aux hommes devant Dieu, ces derniers ont cependant une prééminence sur elles du fait de l’importance du rôle masculin. Dans le foyer, l’amour et l’harmonie voulus par Dieu doivent régner. Cet amour grandit avec l’exercice de la sexualité, la vie commune et la responsabilité des enfants.
Accueil des enfants
Parce que, dit-on, la fécondité est voulue par Dieu, une nombreuse postérité est signe de bénédiction en Islam. Pour beaucoup de musulmans traditionnels, la « limitation des naissances » contrevient aux lois de la nature et donc à la loi de Dieu et à son projet sur le monde. Limiter les naissances ne va donc pas de soi.
Aujourd’hui, une majorité de théologiens-juristes dans l’ensemble du monde musulman incite la famille musulmane à être plus clairvoyante en matière de natalité et admet la licéité des méthodes contraceptives, qui entrent peu à peu dans la pratique.
L’accord entre les parents pour l’éducation religieuse des enfants doit être le plus précis possible, chacun ayant mesuré la part de responsabilité qu’il prend vis-à-vis des siens ou de sa communauté. Dans l’Islam, c’est le père qui transmet la religion.
D’une façon habituelle, en quelque lieu que ce soit, il sera difficile pour un musulman d’accepter que ses enfants ne le soient pas. Cela fait partie intégrante des convictions et obligations islamiques pour un père de famille. Mais les problèmes soulevés par l’éducation des enfants peuvent être pour lui une occasion de réflexion et de plus grande ouverture au monde chrétien.
Trois solutions peuvent se présenter donc dans les faits :

  • les enfants sont élevés dans la foi musulmane;
  • ils sont élevés chrétiennement ;
  • ils choisissent plus tard.

Lorsque le choix, pour l’enfant, d’une appartenance au christianisme ou à l’islam paraît impossible, ou non-souhaitable, il importe cependant qu’une forme d’éducation religieuse et spirituelle soit réalisée, pierre d’attente pour une découverte ultérieure.
Les enfants ont le droit de faire une première découverte de Dieu à leur niveau. Des parents croyants et animés d’une foi sincère auront à coeur de préparer le terrain et de tout mettre en oeuvre pour qu’un jour leurs enfants soient en mesure de faire cette découverte personnelle. Cette solution suppose que l’enfant ait une approche réelle des deux traditions religieuses, au moins à partir d’un certain âge. Cette approche ne doit pas en rester au terrain commun des deux religions : le spécifique chrétien doit apparaître, de même que le spécifique musulman.
Une éducation réfléchie et exigeante peut faire naître chez le jeune issu de couple islamo-chrétien des dispositions favorables à une prise de conscience personnelle de ses responsabilités religieuses

Une démarche religieuse, un temps spirituel sont souhaités, qu’est-ce-qui est possible ?

… du côté catholique

Un préalable essentiel

Permettre au jeune couple de rencontrer un prêtre sensible au dialogue chrétiens-musulmans ou un chrétien engagé dans ce même dialogue.
Ce moment d’accueil et d’échange sera l’occasion de bien cerner la demande du couple, puis d’évoquer ensemble les démarches possibles.

A partir de là, deux chemins peuvent s’ouvrir : un temps spirituel ou une démarche sacramentelle à l’église, engageant la partie catholique.

  • Le temps spirituel (sans sacrement)
    Contenu : textes à teneur religieuse ou autres, musique(s), souhaits et vœux mais sans échange de consentements.
    Lieu : domicile de la famille, salle de fêtes, église ou chapelle en présence de la famille et des amis avec éventuellement un représentant d’une ou des deux religions.
  • La démarche sacramentelle à l’église
    Cette démarche se prépare pendant plusieurs mois avec un prêtre et éventuellement avec un couple marié. Elle suppose la constitution d’un dossier de mariage contenant entre autre la demande de disparité de culte signée par l’évêque et déclarations d’intentions avec une formulation particulière pour le conjoint musulman. (voir ci-dessous).
    Elle suppose la préparation de la célébration religieuse.
Proposition de Déclaration d’intention pour un conjoint musulman
Au nom de Dieu, bienfaiteur et miséricordieux, Au moment où, devant Dieu, je choisis de prendre X… pour époux (se), je tiens à me dire musulman(e). Dieu m’a conduit vers lui (elle). Avec lui (elle) je veux construire une communauté de vie et d’amour en fondant une famille. Pour moi, fidélité signifie que, durant toute notre vie, par amour, nous nous devrons l’un à l’autre et donc nous renoncerons à toute relation hors mariage. Pour moi, épouser X…. chrétien(ne) signifie que je veux partager avec lui (elle) son engagement de ne rompre notre mariage pour aucun motif que ce soit. Seule la mort pourra briser ce lien. Informé(e) des obligations religieuses de mon époux (se) concernant les exigences du mariage pour les chrétiens, je m’engage à respecter sa foi et sa pratique religieuse. J’accepte d’avoir des enfants, j’entends partager avec X… le souci de leur éducation humaine et religieuse. Je leur apprendrai le respect des valeurs chrétiennes. Je respecterai leurs décisions quand ils seront capables de les prendre librement et en connaissance de cause.
Proposition de Déclaration d’intention pour un conjoint catholique
Au jour de mon mariage, en m’engageant en Dieu et devant l’Eglise, je veux, en pleine liberté, créer avec X… une véritable communauté de vie et d’amour, telle que l’entend l’Eglise catholique dans sa fidélité au Christ. Je veux par cet engagement réciproque, établir entre nous un lien sacré que rien, durant notre vie, ne pourra détruire. Je m’engage à tout faire pour que notre amour grandisse dans une fidélité totale et exclusive, et à être pour mon époux(se) un soutien véritable. J’accepte les enfants qui pourront naître de notre union. Décidé(e) a rester fidèle à mon baptême dans l’Eglise catholique, je m’efforcerai de témoigner de ma foi dans ma vie quotidienne, et je m’engage, pour ce qui dépendra de moi, à faire ce qui me sera possible pour que mes enfants accèdent à la foi chrétienne. Je leur apprendrai le respect des valeurs de l’Islam. Je respecterai la liberté de conscience de mon(a) futur(e) époux (se). J’ai confiance que Dieu bénira notre union et qu’avec son aide, elle sera pour nos enfants, nos familles et nos amis, un moyen de compréhension entre chrétiens et musulmans.

… du côté musulman :

  • Lorsque  le marié est musulman, une démarche religieuse conjointe, associant le rite du mariage musulman et la démarche sacramentelle pour la fiancée chrétienne, est tout à fait possible. Lors d’un entretien préalable, l’imam aidera le fiancé à mesurer l’impact du mariage sur les 2 familles et approfondira avec lui le sens de sa démarche pour que l’acte posé soit bien valide.
  • lorsque la fiancée est musulmane, le mariage ne peut pas être reconnu  religieusement et l’acte conclu à la mairie reste une affaire strictement privée. Aider les deux familles à vivre la situation en bonne harmonie est cependant indispensable.

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