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Le curé Denis Dumain, d’Istanbul à Batzendorf

Père Denis Demain

A quelques kilomètres d’Ohlungen, le presbytère de Batzendorf est un lieu de rencontre pour la communauté de paroisses des Trois Croix. C’est là que j’ai rencontré le Père Denis Dumain, qui par son histoire, m’a ouvert à des réalités interreligieuses, qui donneraient envie de voyager…

Le père Denis Dumain est le curé de la communauté de paroisses des trois croix depuis 2014. Avant d’en arriver à cette mission dans le rural, il a fait un parcours à travers nombreuses réalités différentes.

Batzendorf, Bertheim, Wahlenheim, Wintershouse, Wittersheim, Grassendorf, Huttendorf et Morschwillerforment la communauté de paroisses des trois croix.

Une enfance en Turquie

Denis Dumain est né en 1962. Ses parents à peine mariés, s’installaient à Istanbul, pour le travail de son père (EDF) et de sa maman avec une autre française pour la couture, pour un séjour de douze ans. Ses arrière-grands-parents, maternels et paternels, étaient originaires de la Russie du Sud « des Celtes, qui ont été décimés et contraints à l’exil par la Russie Tsariste, les Basques ont aussi quitté ces régions quelques siècles avant nous. Maman parle encore le dialecte avec lequel elle comprend le basque ! » Exil dans le sud de la France, la famille est dispersée aujourd’hui entre la France, l’Italie, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis et la Suède. Denis est donc un homme pétri par de nombreuses cultures.  Habitant à Istanbul, dans l’ancienne Chalcédoine, il passe son enfance dans une ville cosmopolite, où des musulmans, des juifs, des chrétiens de toutes confessions se côtoient dans la vie de tous les jours avec un grand sens d’ouverture, de voisinage, d’amitié, dans un pays laïc, où les femmes avaient droit de voter et d’être élues bien avant nous !

Denis Dumain Patriarche Bartholomé
Denis Dumain avec les jeunes religieux qui étudient le turc chez les petites soeurs de Jésus à Istanbul

« C’étaient des années où le cahos vers mai 1968 commençait à apparaitre dans ce pays, membre fondateur du Conseil de l’Europe à Strasbourg en 1948 et dernier bastion de l’OTAN (une cinquantaine de bases) face à l’Union Soviétique. Malheureusement les Américains avaient déjà commencé à importer et à répandre par tous les moyens l’Islam Wahabiste-Islam politique (Arabie Saoudite) pour faire bloc au communisme, les résultats sont visibles aujourd’hui, quel dommage ! L’Islam de Turquie, comme celui de tous les Balkans était très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui. Très influencé par le Soufisme (les derviches ; comme nos communautés charismatiques aujourd’hui) et des siècles de vie commune avec l’Orthodoxie et les autres Églises Orientales (dans les mosquées de la Ville le Coran et les hymnes sont chantés avec les modes de la liturgie byzantine !) mais aussi la laïcité de la République Turque de 1923, c’était un islam moderne, qui envoyait ses théologiens étudier dans les Universités Catholiques à Rome ou à Paris et accueillait les enseignants de ces universités pour ses étudiants en Turquie. J’ai ainsi connu une église en pleine évolution juste après le Concile Vatican II, réforme liturgique, œcuménisme, dialogue inter-religieux… On accompagnait notre curé pour les fêtes, à la cathédrale Orthodoxe de Chalcédoine voisine pour chanter l’Évangile, et l’Archevêque Orthodoxe ou le curé venait chez nous aux célébrations, les Semaines de l’Unité, chaque jour dans une église différente, puis la Ville du Patriarcat de Constantinople, le Premier de toute l’Orthodoxie… je me rappelle encore la rencontre du Pape PAUL VI avec le Patriarche ATHENAGORAS en Turquie, après 9 de siècles d’excommunication entre nos églises sœurs, les nombreuses visites de Chiara LUBICH, fondatrice des Focolari, avec rencontres et conférences, on y participait avec mes parents. C’est de là aussi que date une longue amitié fidèle avec le Patriarche Œcuménique actuel de Constantinople, BARTHOLOMEOS Ier, qui était encore un jeune diacre. Le long du Bosphore, mosquées, synagogues et églises de différents confessions sont encore les unes à côté des autres, sur les mêmes places et l’écho des cloches se mêlent à la voix du muezzin. C’est là que j’ai commencé à découvrir la beauté et la profondeur de la liturgie et du chant byzantins. Je rends grâce au Seigneur d’avoir commencé à grandir dans la foi dans cette église, qui avait eu le Saint Pape JEAN XXIII, comme évêque et représentant du Pape pour la Grèce et la Turquie, de 1935 à 1945. Son souvenir est toujours très vif et respecté par tous dans ce pays. Ce qu’il a découvert, comme réalité inter-religieuse sur place a fait germer en Lui ce besoin de renouveau, d’ouverture pour notre Église, qui l’a conduit au Concile Vatican II. Déjà en 1935, il avait commencé à utiliser le turc dans la liturgie de sa Cathédrale à Istanbul et prêchait en turc. Pour respecter la laïcité du pays, il s’était mis en civil en invitant tout son clergé à faire de même, en dehors des lieux du culte, comme toutes les confessions du pays, musulmanes, juives et chrétiennes, pas de signes religieux dans la vie publique ! Aux membres de nombreuses congrégations religieuses, qui voulaient fermer leurs établissements scolaires, pour ne pas enlever les crucifix dans les classes et se mettre en civil pour enseigner, il avait déclaré, que ce ne sont pas les signes ou les vêtements qui témoignent de notre foi mais notre ouverture, notre charité un choix à faire ! (La majorité de ces écoles et lycées fonctionnent encore). D’ailleurs parmi ces sœurs il y en avait une qu’on connait bien un peu partout, Sr Emmanuelle, « la chiffonnière du Caire », qui, jeune religieuse complétait sa formation et terminait ses études de Lettres à l’Université d’Istanbul.

Denis Dumain avec les soeurs d’Iconium
Franciscains et Derviches prient ensemble

Des études en France et à Rome

De retour en France, après les études secondaires, à Strasbourg, il fera son entrée à l’Université et y passera un DEUG (Diplôme d’Études Universitaires Générales) en faculté de lettres. Il poursuit ensuite avec une maîtrise en faculté de théologie catholique. Il fait sa formation au sacerdoce chez les Assomptionnistes, il prépare son diaconat à Lille et c’est à Lyon qu’il sera ordonné diacre puis prêtre. Il poursuit ses études à Rome, se spécialise dans l’Islam à l’Institut Pontifical d’Études Arabes et Islamiques avec l’encouragement de ses professeurs de Strasbourg en vue d’un enseignement possible à la Faculté de Théologie de Strasbourg. Durant ces années d’études presque tous les étés il est retourné à Istanbul pour perfectionner ses connaissances linguistiques avec d’autres jeunes en formation et a accompagné des groupes de France, d’Italie ou d’Allemagne en pèlerinage sur les Pas de Saint Paul, sur les lieux des Premiers Conciles Œcuméniques et les Communautés fondées par l’Évangéliste Jean.

De retour en Alsace, vu le manque de prêtre, il est nommé curé d’Offendorf. Il aimait cette église appelée « l’Église du Concile » que le célèbre curé Henri OSTER, expert en liturgie au Concile Vatican II, avait renouvelée après la guerre selon les futures normes de la réforme liturgique. Dans la paroisse, l’esprit du concile se vivait également, puisqu’il existait notamment des groupes de partage d’Évangiles dans les quartiers depuis les années d’après-guerre. En 2005, suite au décès du curé de Herrlisheim, il est appelé à accompagner les deux paroisses, en vue d’avancer vers une communauté de paroisses qui sera reconnue en 2007. Le curé Denis habitera à Offendorf jusqu’en décembre 2013. Il sera aussi en cette fin de période prêtre coopérateur pour la communauté des Trois Croix.

Curé de la communauté des trois croix

Depuis qu’il est Curé de cette communauté des Trois Croix, qui compte 10 clochers, il habite au presbytère de Wittersheim. Le presbytère de Batzendorf est quant à lui le lieu d’accueil et de permanence. « C’est là que je travaille et où il y a tout le matériel de bureau, notamment pour réaliser le bulletin paroissial pour lequel il y a un correspondant dans chaque paroisse. »

Il est aussi entouré d’autres prêtres et acteurs de la pastorale. Le père Jérôme Fleck, des missions africaines est au service de la communauté depuis de longues années célèbre aussi les messes dominicales. Vivian JACQUIN, diacre, habite à Wahlenheim et rend service à l’EAP et pour différentes célébrations. Le père Joseph Lutz, retraité, habite aussi à Wittersheim et donne des coups de mains régulier. A Huttendorf, le presbytère est occupé par trois religieuses de la communauté St Jean de Bassel.

« Pour cette communauté de paroisses je suis entouré d’une Equipe d’Animation Pastorale et d’un Conseil Pastoral inter paroissial. Nous avons aussi une équipe de solidarité très active qui, avant la période de Covid faisait du porte à porte pour ramasser les produits pour la banque alimentaire ou organise la Fête de la Solidarité avec le C.C.F.D. »  Le père Denis parlait de différentes initiatives vivantes : une messe itinérante qui commence à Hochstett et se termine en plein air à Wahlenheim, pour la Fête-Dieu. La communauté propose une messe dominicale pour les enfants et les jeunes une fois par mois, préparée et animée par eux, ainsi que des célébrations avec eux pour Noël, Vendredi Saint… Tous les mercredis, assisté des parents, rencontres et célébrations, pour les enfants pour un temps de catéchèse. Durant cette période covid, il envoie plutôt des mails ou transmet les textes proposés par le service diocésain de l’Enseignement et de la Catéchèse.

Son souci dans sa mission, c’est :

« que notre Église soit évangélique. Nous devons sans cesse nous inspirer de la parole de Jésus et de son vécu. Il faut également que nous arrêtions de nous battre pour des histoires de liturgie, de tradition… mais sans cesse revenir à l’essentiel : l’amour de Dieu et la fraternité entre nous. »

Même durant sa mission dans la terre des trois croix, le Père Denis garde un lien particulier avec le monde de son enfance, grâce à sa proximité avec les Petites Sœurs de Jésus (une congrégation religieuse de contemplatives au milieu du monde, s’inspirant de la spiritualité de Charles de Foucauld) à Strasbourg, mais aussi avec le Patriarche Œcuménique de Constantinople et le Patriarcat, qu’il visite dès que c’est possible et les communautés religieuses d’Istanbul, en participant à des travaux de traduction d’ouvrages, de textes de liturgie et de spiritualité.

Chaque visite à Istanbul est un temps de retraite, avec la prière et la liturgie byzantine, dans une des communautés ou un des monastères orthodoxes, un temps d’ouverture d’esprit en retrouvant par exemple les Derviches et les Franciscains, qui prient une fois par semaine ensemble, en alternance à la communauté soufie ou à l’église… (D’ailleurs les derviches ont aussi une communauté à Assise, dans la ville de François et une à Rome !) c’est retrouver l’Eglise selon Vatican II. Cette Eglise qui est appelé à être le levain dans la pâte pour un monde à l’image de Dieu.

Paroisse de Batzendorf

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