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Entre l’annonce et la charité, les pauvres

On se sent parfois comme oscillant entre le défi de l’annonce et l’élan de la charité.

En théorie, il n’y a pas de tension entre ces deux engagements : ce serait les deux faces d’un même don divin, l’une diffusant la Lumière par l’annonce de l’Évangile, l’autre partageant l’amour par la solidarité concrète. Aucune opposition entre la vérité et la charité n’interdit théoriquement de travailler au deux en même temps.

Mais, en pratique, dans une vie normale avec 24h par jour, souvent il nous faut choisir, et renoncer à s’investir des deux côtés. Ce choix est d’autant plus cruel que les appels viennent à nous de plus en plus forts.

L’urgence de l’annonce

D’un côté, la nouvelle évangélisation cherche des missionnaires pour porter la Parole de façon libre. Il y a urgence à retrouver le goût, le sens et le fait de la mission aux périphéries, hors du cercle de ceux qui croient. Et ne nous y trompons pas : ce genre de mission réclame un engagement total même si nous sommes laïcs, en charge de famille et d’un métier. C’est que la mission auprès de ceux qui sont proches mais qui n’en sont pas, les « périphéries », ne se programme pas comme un cours de catéchèse. Elle se reçoit quand le veut l’Esprit Saint, au détour d’un trottoir ou d’un coin de couloir.

Et de la charité

De l’autre côté, le désastre de la crise dû à la pandémie et au confinement a jeté dans la pauvreté un énorme surcroît de personnes, dans les autres continents mais aussi chez nous. Non seulement il faut réactiver à plein toutes les solidarités existantes mais la situation réclame de nouveaux investissements en personnes et en moyens. C’est que la pauvreté, là encore, n’attend pas que nous soyons prêts et préparés. Elle tend la main quand elle a faim et non quand on a du temps pour y répondre.

Voilà deux vraies urgences qui semblent compliquées à articuler concrètement pour chacun et pour chaque communauté car nos forces (y compris en personnels) s’amenuisent. Il est vrai que c’est l’Église qui agit : ce que je ne fais pas, un autre va le faire. Nous parlons ainsi des charismes, de ces grâces qui se complètent pour former un corps qui répond à tous les appels. Mais sans coordination des organes, le corps ne fonctionne pas ou très mal. Il faut un lien.

Le lien de toutes nos missions

C’est la figure du pauvre qui fait le lien de toutes nos missions. Et toujours, dans notre coeur de chrétien, cette figure générique devra prendre chair dans des visages humains portant des noms et criant leur manque.

Pauvre de lumière, égaré dans un univers qui n’a plus de sens où il marche en aveugle sur des chemins étrangers à son coeur : voilà un pauvre qui a besoin du pain de la foi.

Pauvre de biens, éprouvé dans sa chair, sans place sociale, jeté à la rue par la misère ou la politique : voilà un pauvre qui a faim du pain de nos blés et du pain de l’amitié.

Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg

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