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Exposition : Au ciel et sur terre, les anges

Ange 25.10.95, technique mixte sur papier et feuille d’or

Le Conservatoire du patrimoine religieux organise depuis 2006 des expositions. Et depuis 2012, elles ont lieu au couvent des Récollets à Rouffach, (9-11 rue du 4ème Régiment des Spahis marocains).

Cette année, le thème en est : « Au ciel et sur terre, les anges. »

L’exposition, conçue par le Conservatoire a lieu durant tout l’été, du 15 juillet au mois d’octobre, les vendredis, samedis et dimanches de 14h à 18h.

L’entrée est gratuite.

Ces personnages célestes sont déjà présents dans la tradition religieuse des Assyriens.

Les anges apparaissent au long de la Bible comme des êtres inséparables de la puissance divine. Ils sont évoqués dans la liturgie de l’Eglise chrétienne et conservent une place importante dans les croyances juives. L’Islam ne les ignore pas.

Les anges y sont décrits comme des êtres à plusieurs ailes, proches d’Allah dont ils exécutent les ordres.

D’innombrables oeuvres d’art reprennent le thème des anges, tout au long du Moyen-Age et de l’époque moderne. L’époque contemporaine a cherché à donner une nouvelle forme à ces êtres invisibles, pourtant tellement représentés !

C’est dire que les anges ne sont pas seulement au ciel, mais aussi sur terre. D’ailleurs, n’ont-ils pas pour rôle d’assurer une sorte de liaison entre le Ciel et l’humanité ?

A) Quelques épisodes : les anges dans la Bible

Dès les débuts de l’aventure humaine, l’ange est présent… Dieu le place à la porte du paradis dont Adam et Eve ont été chassés (Genèse 3, 22-24). Abraham accueille les envoyés de Dieu à Mambré ; ils lui annoncent la future naissance d’Isaac (Genèse 18, 1-16). C’est aussi un ange qui interrompt le geste d’Abraham prêt à sacrifier son fils (Genèse 22).

Jacob, fuyant la vengeance de son frère Esaü dont il a volé la bénédiction paternelle, s’endort et voit, dans un songe, une échelle qui touche au ciel, avec des anges qui montent et descendent. L’épisode évoque la relation voulue par Dieu entre la terre et le ciel, ainsi que l’aspiration à la sainteté (Genèse 28, 10-12).

Tobie, accompagné d’un ange appelé Raphaël qui le conseille, réussit à guérir son père aveugle et à délivrer sa femme d’un démon.

Le prophète Ezéchiel a une vision lui révélant Dieu sur son trône, adoré et loué par les anges. Le prophète est même purifié par un ange afin de pouvoir contempler cette scène.

Dans le Nouveau Testament,

  • la Vierge Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel qui lui annonce la naissance de Jésus (Luc 1, 26-32).
  • La naissance de Jésus est annoncée aux bergers de Betlehem par des anges (Luc 2, 8-10).
  • Au désert, Jésus est, après sa tentation par le démon, servi par les anges.
  • Lors de son agonie au jardin des Oliviers, il est réconforté par un ange (Luc, Marc, Matthieu).
  • La résurrection est annoncée au tombeau vide par un « homme vêtu de blanc ».
  • Au jour dernier, ce sont des anges qui réveillent les morts en sonnant du cor (Matthieu, 24, 30-31).

B) Les anges, messagers de Dieu et acteurs du culte divin

Ils forment une population innombrable et très hiérarchisée. Les anges sont, en premier lieu, les messagers de Dieu. Leur nom même, en hébreu מלאך (maleakh), est traduit en grec par le terme ἄγγελος (ággelos), et en latin angelus, signifie « messager ». Ils assurent également une louange perpétuelle à Dieu.

Dans la liturgie chrétienne, le chant du Gloria et celui du Sanctus sont inspirés des chants que révèlent les visions d’Ezéchiel ou de Jean dans l’Apocalypse.

L’archange Michel, un des chefs des anges, est aussi le protecteur, alors que Raphaël est le guide et Gabriel le messager. Un quatrième archange, Lucifer, s’est rebellé contre Dieu et a été déchu.

C) La représentation des anges dans le judaïsme

« Élaborée progressivement, la pensée juive sur les anges s’est formée à partir de l’influence de religions et traditions anciennes, notamment mésopotamienne. C’est à partir de 587 avant J.-C., lors de la fin du royaume de Juda et du commencement de l’exil du peuple israélite à Babylone, que se développe véritablement une angélologie juive.

Dans cette période de souffrances, le peuple hébreu avait le sentiment que Dieu s’était séparé de lui ». Aussi, « rabbins et prophètes élaborent une doctrine des médiations et des interventions angéliques destinées à établir la communication entre les hommes et un Dieu désormais plus lointain ». (cf. La Croix 25/09/2009 A. Bellier)

Le judaïsme n’accepte pas les représentations de figures humaines. Aussi ne connaît-on pas de représentation d’anges, sauf sur l’arche d’alliance dont le couvercle est orné de deux séraphins dont les ailes déployées entourent la Présence invisible de Dieu.

Les anges sont traditionnellement représentés avec des ailes. Cette coutume pourrait venir des êtres ailés de la mythologie assyrienne dont le judaïsme a repris certains éléments.

Deux textes bibliques justifient cet attribut :

  • – Dans l’année où mourut le roi Ozias, moi, cependant, je vis le Seigneur, siégeant sur un trône haut et élevé, et les pans de son vêtement remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Chacun avait six ailes. Avec deux il tenait sa face couverte, et avec deux il tenait ses pieds couverts, et avec deux il volait. Et celuici appelait celui-là et disait : “Saint, saint, saint est l’Eternel des armées. Toute la terre est pleine de sa gloire.” (Isaïe 6, 1-7).
  • – Le second texte relate la vision du prophète Ezéchiel : Leurs ailes étaient déployées vers le haut ; chacun avait deux ailes se joignant et deux ailes lui couvrant le corps ; et ils allaient chacun devant soi ; ils allaient où l’esprit les poussait, ils ne se tournaient pas en marchant (Ezéchiel 1, 11).

D) La représentation des anges chez les chrétiens

Les chrétiens n’hésitent pas à représenter ces êtres spirituels. L’Hortus deliciarum (XIIe siècle) ne manque pas de ces figurations dans un style inspiré de l’art byzantin. On les voit sur le chapiteau du cloître d’Eschau dans la scène de l’annonce aux bergers.

  • Les anges sont souvent représentés avec un nimbe (attribut de la sainteté) et des ailes : elles expriment leur mission et la rapidité avec laquelle ils les exécutent, mais aussi la nature céleste des anges.
  • Les anges sont aussi gardiens des instruments de la Passion du Christ. On les représente également en adoration devant le tabernacle, ou bien aux quatre angles des autels luthériens au XVIIIe siècle.

Ni le judaïsme, ni l’islam n’admettent la représentation de ces êtres célestes, bien qu’ils les citent souvent. En revanche, le christianisme leur donne une consistance physique dès le IVe siècle.

Sur le retable d’Issenheim, la scène du concert des anges montre un groupe de personnages ailés, plus ou moins lumineux et dotés de plumes.

A côté de ces anges d’inspiration biblique, apparaissent des angelots, appelés putti.

L’art baroque est friand de ces personnages représentés en jeunes gens ou sous la forme de petits enfants joufflus. Ils proviennent d’une confusion entre les anges célestes et les figures idéalisées de divinités gréco-romaines : la Niké grecque et la Victoire romaine, les éros ou cupidons païens.

Leurs représentations créent une atmosphère onirique, proposant aux fidèles une vision du monde céleste.

Au XIXe siècle, les anges prennent une forme stéréotypée. Ce sont de jeunes gens aux cheveux mi-longs, avec des ailes, vêtus d’une tunique et adoptant des attitudes pieuses. La question du sexe des anges a souvent fait sourire. Comme ce sont des êtres célestes, il est admis qu’ils ne sont ni hommes, ni femmes – hors catégorie en quelque sorte.

Mais les artistes du XXe siècle renouvellent cette vision de l’ange. Ainsi, les oeuvres de Luc Dornstetter ou de Sylvie Lander dans l’exposition donnent une approche encore différente de l’ange : en faisant sentir sa présence autrement comme surprenante ou effrayante ou encore chaleureuse et prévenante. Mais tous les deux captent l’essentiel de l’ange en faisant abstraction des modèles précédents et en inventant autre chose que ce qui a déjà été vu par le passé.

E) L’art populaire et les anges

Les catholiques représentent les anges sur les bénitiers ou sur des images pieuses. On retrouve également les personnages célestes sur des chromolithographies, dans des décors naturels : l’ange gardien, présent dans les maisons, fait partie de l’imagerie populaire.

Un ange gardien est une forme d’esprit protecteur, assigné à la protection d’un ou plusieurs individus. Ce concept est développé à partir du XIIe siècle. Il est basé sur un passage de l’évangile selon Matthieu : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 18, 10).

Peu à peu, à partir du XIVe siècle, en parallèle à la mise en avant de l’humanité du Christ, le sens théophanique de l’ange (sa fonction de médiateur et de messager de Dieu) s’efface au profit d’une définition de protecteur, individuel ou collectif, et d’escorte lumineuse de Dieu.

Dans les crèches, les anges forment un choeur céleste qui accompagne l’adoration des bergers. Les anges ont ainsi été largement intégrés dans la culture populaire. Ne dit-on pas : « sage comme un ange » ?

  • Exposition du 6 juillet au 16 septembre 2018
  • Lieu : Couvent des Récollets, 9-11 rue du 4ème Régiment des spahis marocains, 68250 Rouffach
  • Horaires : vendredi, samedi, dimanche, de 14 h à 18 h (sauf le 14 juillet / ouvert jusqu’aux vacances de la Toussaint pour les classes)
  • Classes et groupes scolaires (septembre-octobre) : sur rendez-vous bertrand.schlund@sfr.fr
  • Contact : Anne Chevanne, présidente • 06 82 45 14 63 • acpra@orange.fr ou Benoît Jordan, concepteur de l’exposition • 06 99 52 38 20
  • www.patrimoine-religieux-alsace.eu • 6 rue Oberlin, 67000 Strasbourg

Les anges dans l’art contemporain

Luc Dornstetter

Entré aux Arts décoratifs de Strasbourg en 1966, formé par Camille Claus et Camille Hirtz, Luc Dornstetter obtient son diplôme avec le prix de la ville de Strasbourg. Jusqu’en 2011, il partage son temps entre la peinture, l’enseignement du dessin en Lycée et la présidence de l’AIDA.

Passionné par l’histoire des techniques picturales et un peu alchimiste… il pratique la tempera, peinture à l’oeuf qui constitue, avec l’aquarelle, ses deux techniques de prédilection.

Il allie la minutie de l’enluminure, et les couleurs du vitrail pour faire découvrir un univers à la fois ésotérique et symbolique où le « nombre » est omniprésent… Il se situe donc comme peintre pythagoricien à tendance symboliste, à la croisée de l’histoire, de l’ésotérisme, de la littérature et de la bande dessinée.

Ses anges sont à la fois surprenants et intrigants. Ils ne laissent pas le spectateur indifférent. Enveloppés dans des costumes peu communs, leurs visages semblent peu visibles et ils sont souvent vus de dos.

Les mouvements et plis de leurs vêtements ainsi que leurs cheveux décoiffés indiquent leur arrivée récente et signalent qu’il faut être attentifs à leur présence.

Sylvie Lander

Sylvie Lander est aussi diplômée de l’école des Arts Décoratifs. Elle peint, cherche sa voie et participe à des expositions de groupe.

« Puis un matin, l’illumination : je vais peindre des anges !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Atelier, cartons, encre, peinture. Et des anges. Par dizaines. Avec une palette volontairement pauvre. Puis architecturer le nouveau thème. Capter l’essentiel de cet ange à inventer. S’abstraire des modèles. Passer de l’eau à la forme.

Elle lave sa feuille, détrempe son carton, fait de l’eau son alliée. Elle peint une surface couchée au sol ; penchée au-dessus, elle abolit toute perspective, et relie cette horizontalité à la nécessaire verticale de son propos.

Comme le sculpteur qui construit d’abord une armature qui cerne déjà au plus près le futur modelage, Sylvie Lander doit tout d’abord, par ces travaux préparatoires, composer le squelette de cette entité en construction. Rien que du noir et du blanc.

Et l’auréole. Voilà que l’or devient évident, incontournable. C’est par cette porte là que l’or est arrivé dans le travail de l’artiste ; il est resté sur sa palette, couleur supplémentaire, lumière liquide, feuille précieuse. Les anges vont occuper son espace pictural de 1989 à 2002. Quinze années.

En 2010, l’ange reste toujours présent, plus discrètement, mais avec une bienveillante constance.

L’ange se décline. Il se fait archange, il porte parfois un nom, il garde une porte, il se fait petit, à l’auréole discrète, il se déploie sur les trois panneaux d’un triptyque, puis se fait nuée, en une performance hallucinante, quand en 1998, Sylvie Lander va poser chaque jour sur sa table, une toile vierge, pour y
peindre chaque jour de l’année un nouvel ange. » LUX, Ponte Vecchio Éditions, 2010, extrait p 20.

Elle en réalise ainsi 365.

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