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Quel accueil dans nos communautés pour les personnes concernées par l’homosexualité ? : deux jours de formation en Alsace

Une journée de formation sur la question de l’accueil des personnes concernées par l’homosexualité a réuni une cinquantaine de personnes, agents pastoraux laïcs, diacres et prêtres, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin.

  • D’abord le mardi 24 janvier 2023 au Centre Saint-Thomas à Strasbourg,
  • puis le mercredi 25 janvier 2023 à la maison Saint-Michel à Issenheim.

La Pastorale des familles du diocèse de Strasbourg soutenue par une équipe de coopérateurs et de prêtres animait cette formation.

Elle s’est appuyée sur l’intervention du p. Joël Pralong, référent pour l’accueil des personnes homosexuelles dans le diocèse de Sion (Suisse).

De gauche à droite : P. Joël Pralong, Elisabeth Clément de la Pastorale des familles

A l’écoute du réel

Avec son franc-parler de « montagnard » comme il aime à se présenter lui-même, le p. Joël Pralong a ouvert des perspectives pastorales en invitant à déplacer les questions sur l’homosexualité dans une approche intégrale des personnes.

Ainsi, au lieu de parler du concept d’ « homosexualité », cet infirmier en psychiatrie de formation propose d’« écouter le réel », de regarder « des personnes en quête d’amour » et de situer les discussions au niveau de la relation « plutôt que sous la ceinture ».

Il serait alors davantage opportun de traiter d’ « homo-sensibilité » ou « homo-affectivité », pour ne pas réduire cet attrait spécifique au seul domaine de l’eros. Les participants ont été aussi sensibilisés à la puissance des mots dans ce contexte et à faire des distinctions entre « péché » ,« désordre », et « situation irrégulière ».

Temps de questions-réponses

Sortir de la logique du « permis/défendu »

Si le Catéchisme de l’Église catholique se montre prudent sur « la genèse psychique » de la tendance homosexuelle en invitant les personnes orientées à la chasteté (n°2357 à 2359), le p. Joël Pralong n’a pas hésité à souligner l’insuffisance de cette proposition.

En effet, accepter une personne homosexuelle « si » elle est chaste pose un paradoxe dans l’accueil inconditionnel de l’Eglise-mère. Développer un accompagnement pour éduquer à la relation d’un amour vrai toute personne qui se présente à l’Église semblerait plus adapté. La position pastorale face aux situations complexes pourrait ainsi être de « donner envie d’aller plus loin » tout en respectant la loi de la gradualité, qui consiste à proposer un cheminement  progressif et adapté vers l’idéal chrétien.

L’intervenant a souligné la nécessité de sortir du cadre « permis/défendu » pour rediriger l’attention pastorale sur la rencontre avec le Christ, au-delà de toute revendication sociale.

L’Église a un rôle à tenir

Comment accueillir et accompagner un jeune qui parle de son homo-affectivité à une personne d’Église ?

Le p. Joël Pralong a a rappelé le rôle de l’Eglise dans l’éducation à la liberté dans la croissance : « L’Église a un créneau ici, elle peut sauver des jeunes. Nous pouvons les aider à prendre le temps de cheminer. Notre rôle est d’accueillir, de cheminer avec, de poser les bonnes questions, de dialoguer, et de respecter la conscience de l’autre, même s’il se trompe. »

L’ancien supérieur du Grand Séminaire de Sion a également évoqué la question de l’homo-affectivité au sein du clergé et des religieux, en osant interroger l’Instruction vaticane datant de 2005 sur l’admission aux ordres des séminaristes. Pour lui, le critère de discernement des candidats au sacerdoce devrait porter essentiellement sur la maturité affective plutôt que sur la sexualité, en s’appuyant sur ce point sur le travail du p. Timothy Radcliff.

Chercher de nouvelles voies pastorales d’accompagnement

Après la conférence du p. Joël Pralong, les participants ont formé des petits groupes de quatre  pour réagir aux propos entendus. Dans un groupe, on a parlé de l’importance de ne pas seulement se focaliser sur l’accueil des personnes homosexuelles, mais de toute personne quelle qu’elle soit. Ailleurs, on s’est étonné que la question n’ait jamais été abordée dans la formation des futurs pasteurs.

L’après-midi a permis un temps d’échange plus libre avec l’intervenant à partir de questions émergeant des groupes allant de l’accès aux sacrements, l’homosexualité de personnes consacrées ou de ministres ordonnés, à l’accompagnement des jeunes et à la transidentité. « Nous n’avons pas de réponses, mais des points de repère » a souligné le p. Joël Pralong. Ce dernier a également rappelé la présence de la grâce qui peut aussi montrer aux personnes le chemin à suivre, avec l’éclairage d’accompagnants.

De gauche à droite : p. Joël Pralong, Marie-Antoinette du Gasquet, co-organisatrice de la journée à Strasbourg

4 clés d’accompagnement ont été données : accueillir, accompagner, discerner, intégrer. Les participants ont été encouragés à imaginer des parcours d’accompagnement de vie spécifique pour les jeunes homo-affectifs (majeurs) ainsi qu’ à former des groupes d’accompagnement et de soutien pour les parents de jeunes homosexuels, souvent désemparés.

Bien des chemins pastoraux se sont ouverts, des  intuitions pastorales se sont  confirmées lors de cette journée qui s’est clôturée comme elle avait commencé : dans la prière. « Nul n’est trop loin pour Dieu » chante comme en écho l’Hymne de Carême qui invite à la Réconciliation et à la confiance.

Contact : pastoraledesfamilles@diocese-alsace.fr

Pour aller plus loin

Eglise et homosexualité : un accueil si difficile ! et Quels prêtres pour demain ? Sortir de l’abus d’autorité de Joël Pralong

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