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Arnaud Beltrame, soldat pour la Vie

Méditation sur les attentats du 23 mars 2018 : Le service de Dieu, le vrai et le faux.

Qui, de celui qui tue des innocents au nom de Dieu ou de celui qui prend la place des otages jusqu’à en mourir, sert vraiment Dieu ? Qui de Radouane Lakdine ou du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame servait vraiment Dieu ?

Dans ce beau département de l’Aude, il y avait deux hommes dont les destins vont se croiser. Deux hommes faits pour servir Dieu, l’un autant que l’autre, pour honorer son Nom, en priant et en aimant ses frères.

Deux hommes qui croyaient en Dieu.

Le premier pensait : je veux Le servir en tuant les impies en son nom. Il préparait ses explosifs et ses armes. Le second pensait : je veux relier mon amour à Celui de Dieu. Il se préparait au mariage religieux.

Le premier saisit ses armes, tua, blessa, s’enferma dans un magasin, prit des otages. Le second répondit à l’appel à servir son peuple, négocia, se proposa pour prendre la place des otages.

Ils furent tout proches durant presque deux heures. Puis les deux moururent.

Leur proximité physique durant ce temps de face à face dans le supermarché nous invite à réfléchir à leur proximité intérieure : l’un et l’autre se voulaient serviteur.

L’un et l’autre se sont donnés jusqu’au bout, jusqu’à la mort pour leurs convictions. Certains pourraient les regarder pareillement et admirer leur générosité et leur audace.

C’est là une terrible confusion. Elle s’explique ainsi : rien n’est plus proche de la lumière que l’ombre qui n’existe pas sans elle. Rien n’est plus proche de la vérité qu’une erreur qui en est simplement l’inversion.

Voici donc deux hommes qui, sous des apparences de même grandeur, vont exactement en sens opposé.

Le premier se servait de Dieu pour faire sa vie éternelle au mépris de l’autre. Le second servait Dieu pour faire le salut de l’autre au mépris de sa vie temporelle.

Le premier se fait tuer pour le service de lui-même jusqu’au sacrifice de l’autre. Le second est tué pour le service de l’autre jusqu’au sacrifice de lui-même.

Ce sont là deux hommes habités par deux mouvements absolument opposés.

Savoir le reste ne nous appartient pas.

Il ne nous revient pas de juger les mauvais. A peine pouvons-nous dénoncer leurs actes. Mais nous pouvons, nous devons, enrichir nos vies de l’exemple des bons.

Pour toutes les victimes, nous prions d’une prière vive et soutenue. Ainsi que pour leurs familles et toutes les institutions auxquelles elles appartenaient.

Parmi elles, nous nous inspirerons de l’honneur, de l’héroïsme et, en définitive, de l’amour de celui qui servait sa Patrie, ses frères et, en définitive Dieu lui-même.

+ Luc Ravel, archevêque de Strasbourg

Communiqué de Monseigneur Luc Ravel, Archevêque de Strasbourg, après l’attentat terroriste du 23 mars 2018 dans l’Aude.

En mon nom, au nom de tout le diocèse de Strasbourg, de tout son personnel religieux et laïc, je tiens à dire notre émotion profonde aux familles des victimes, tuées ou blessées au cours des attentats de Carcassonne et de Trèbes.

Peut-être devrais-je parler d’une émotion  violente. Après huit ans aux armées, je suis rendu  très sensible à cette guerre terroriste qui a longtemps tu son nom et qui n’est pas prête de finir.

À cause d’elle, beaucoup de nos enfants, parents, soldats, policiers et gendarmes ont perdu leur vie. À cette liste, on pourrait rajouter certains de nos prêtres en France ou ailleurs.

Au milieu de ces victimes, il y a des héros qui ont donné leur vie pour les autres : combien de témoignages, après le massacre du Bataclan, de maris protégeant leur femme ? Ce sont des gestes splendides que la douleur ne doit pas nous faire oublier.

Aujourd’hui, c’est un de nos amis gendarmes qui émerge de cette énorme souffrance. Je n’oublie pas les CRS, pris pour cible, une fois de plus.

Mais avec nos forces de sécurité tant de fois atteintes, je veux que le diocèse tout entier entre dans cette vague de fierté qui soulève la France devant la haute figure du Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame.

Je connais trop les gendarmes et leur don d’eux-mêmes pour être surpris par son geste. Malgré tout, son sacrifice pour les otages me transporte sur un mouvement direct vers le Ciel que rappelle la phrase du Christ :

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »

À l’hommage national, nous joindrons nos prières le Jeudi Saint au cours de la messe de la Cène par un appel explicite à prier pour les victimes et en particulier pour le Lieutenant-Colonel Beltrame et son geste héroïque, si proche de celui du Christ.

J’invite instamment chaque communauté de paroisses à proposer personnellement aux gendarmes de participer à cette cérémonie.

Une fois encore, nous sommes au milieu d’un terrorisme à caractère religieux, un terrorisme islamiste.

Si je le nomme comme tel, c’est pour me dire solidaire de tous les musulmans pour qui la fraternité est un besoin à vivre et une maison à construire.

Nous les soutiendrons de toutes nos forces et de toute notre amitié pour défaire les amalgames que certains ne manqueront pas de faire.

Loin de nous séparer, cette guerre terroriste nous unira.

+ Luc Ravel

Hommage de Mgr Antoine de Romanet, évêque du diocèse aux Armées, Arnaud Beltrame, décédé lors de l'attaque du supermarché de Trèbes dans l'Aude, après s'être livré en échange d'une otage.

Un soldat, par définition, est prêt au sacrifice suprême. Vous ne pouvez lui demander d’engager sa vie qu’à la lumière d’une transcendance.

S’il est un mot qui revient en boucle depuis l’annonce de la mort du Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, c’est celui de sacrifice. S’il est un hommage, c’est sous les termes de héros, d’admiration, de respect, d’exemple, de générosité, d’engagement, de service, de sens de l’autre…

Son geste étonne, détonne, interpelle. Son geste renvoie aux questions les plus fondamentales de la vie et de la mort pour chacun d’entre nous. Qu’est ce qui mérite de donner sa vie ? Qu’est ce qui justifie de s’exposer à la mort ? Quel sens ? Quelle transcendance ?

Arnaud Beltrame était un militaire et un chrétien au plus profond de son être. Baptisé dans une famille non pratiquante, il découvre la foi il y a une dizaine d’année, lors d’un pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray, il fait sa première communion à l’âge de 34 ans, et s’engage à la suite du Christ tel saint Paul, avec l’amour brûlant d’un cœur qui a rencontré le cœur de son Seigneur.

Arnaud Beltrame venait de faire bénir sa maison. Il était dimanche dernier, comme chaque dimanche, à l’Abbaye de Lagrasse pour célébrer le Christ ressuscité, et il s’apprêtait à célébrer le 9 juin prochain son mariage religieux avec Marielle. Nous pensons à sa famille, à son épouse, à ses collègues, à ses amis. C’était un chrétien, explicitement, sereinement.

Arnaud Beltrame n’est pas la seule victime de la tragédie de ce 23 mars, et nos pensées et notre prière rejoignent également chacune des victimes et chacune de leurs familles et de leurs proches. Chaque mort est unique. Chaque mort est bouleversante.

Mais la mort d’Arnaud Beltrame a ceci d’exceptionnel que pour un chrétien ce sacrifice renvoie à celui du Christ, médiateur entre Dieu son Père et nous les hommes, prenant sur lui le péché du monde pour le salut de tous, affrontant la mort pour la réfléchir en source de lumière et de vie. Et quelle source extraordinaire d’Espérance dans le meilleur de l’homme nous est ici octroyée au milieu des ténèbres, face à une tragique volonté d’anéantir.

Arnaud Beltrame s’est présenté en médiateur, il a fait don de sa vie en se substituant à un otage. Il a sauvé des vies en offrant la sienne. Ceci ne peut se comprendre que dans une dimension de surplomb, de transcendance, de vie éternelle, qui pour un chrétien a le visage du Christ en croix offert pour que le monde ait la vie : « Nul n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ».

A la suite du Christ et de tant d’autres, Saint Maximilien Kolbe, abîmé dans la détresse et la déshumanisation la plus folle d’Auschwitz a révélé avant lui l’exemple du don de sa vie. Il a transfiguré l’agonie de ceux qu’il est venu rejoindre – en se substituant à un père de famille – jusqu’à une mort cruelle d’épuisement et de faim, ne cessant de prier et d’intercéder pour que la paix règne dans les cœurs en une offrande consentie : il fut une lumière dans la nuit, une étoile qui éclaire à jamais l’humanité jusque dans ses plus sombres replis.

Pour les chrétiens, la semaine sainte qui s’ouvre ce 24 mars au soir par les Vêpres des Rameaux est éclairée par le sacrifice et la mort d’un homme habité par le Christ. Un geste d’offrande, de don, de paix, d’humanité, de dépassement.

Arnaud Beltrame a fait vendredi avec le sacrifice de sa vie descendre un rayon du ciel sur la terre. Et il a élevé le monde, en semence d’éternité.

+ Antoine de Romanet
Évêque aux Armées françaises

Communiqué de la Grande Mosquée de Strasbourg

C’est avec une immense et profonde tristesse que nous venons d’apprendre le décès du Lieutenant-Colonel Arnaud BEL TRAME. Cet homme courageux, a donné sa vie pour sauver celle des otages du Super U de Trèbes (Aude).

La haine meurtrière a frappé une fois de plus, une fois de trop, faisant de nombreuses victimes.

La Grande Mosquée de Strasbourg condamne avec la plus grande fermeté cet acte lâche, meurtrier et haineux qui vise à semer la terreur et à diviser la communauté nationale qui se remet peu à peu de de ses blessures récentes.

Nous présentons nos sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés de cet acte inqualifiable.

Nous rendons un grand hommage au courageux et valeureux gendarme qui a succombé à ses blessures.

La Grande Mosquée de Strasbourg fidèle à elle-même, continuera à se battre pour que l’amour l’emporte sur le désespoir et sur la haine.

Fait à Strasbourg, le 26 mars 2018

Saïd AALLA, Président

“Arnaud Beltrame, mon mari“ : le témoignage de l'épouse du gendarme assassiné

Deux jours après la mort tragique du lieutenant-colonel de gendarmerie, Marielle, la femme d’Arnaud Beltrame, s’est confiée à La Vie.

« Arnaud était profondément attaché à ce qu’il appelait la « famille de la gendarmerie ». Pour elle, il ne comptait pas ses heures, ni son engagement.

Il savait fédérer ses hommes, leur insuffler son élan, les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Il était animé de très hautes valeurs morales, des valeurs de service, de générosité, de don de soi, d’abnégation. Il avait une force de volonté hors du commun, toujours capable de se relever après les épreuves.

Il se sentait intrinsèquement gendarme. Pour lui, être gendarme, ça veut dire protéger. Mais on ne peut comprendre son sacrifice si on le sépare de sa foi personnelle.

C’est le geste d’un gendarme et le geste d’un chrétien. Pour lui les deux sont liés, on ne peut pas séparer l’un de l’autre. Arnaud est revenu à la foi de façon forte vers la trentaine.

C’est le geste d’un gendarme et le geste d’un chrétien. On ne peut pas séparer l’un de l’autre.

Il était un mari très attentionné, comme toute femme rêverait d’en avoir. Il n’avait de cesse de s’améliorer, d’être le meilleur époux possible et de me rendre heureuse. Il me soutenait et m’emmenait vers le haut, toujours avec beaucoup de respect.

Nous formions un couple chrétien. Nous nous sommes longuement préparés au mariage religieux grâce au solide accompagnement des moines de Lagrasse. La célébration devait avoir lieu en Bretagne, car Arnaud y a ses racines.

Il était d’ailleurs très proche de l’abbaye de Timadeuc, où il a fait de nombreuses retraites.

Les obsèques de mon mari auront lieu en pleine Semaine sainte, après sa mort un vendredi, juste à la veille des Rameaux, ce qui n’est pas anodin à mes yeux. C’est avec beaucoup d’espérance que j’attends de fêter la résurrection de Pâques avec lui. »

propos recueillis par Jean-Pierre Denis publié le 26/03/2018

Mgr de Romanet, évêque aux Armées françaises, réagit à la mort du lieutenant-colonel Beltrame, qui s’est substitué aux otages lors de l’attaque de Trèbes vendredi.

Il salue le sacrifice de l’officier de gendarmerie, chrétien « qui est allé au-delà de ce que l’on peut attendre d’un militaire». « Il a donné sa vie pour quelqu’un qu’il ne connaissait pas », « il a fait de cet otage son prochain ». Il souligne combien ce geste nous impressionne, nous élève tous et comment il rejoint le geste du Christ.

En ce temps d’épreuve, l’évêque aux Armées exhorte tous les Chrétiens à être des êtres de fraternité, de paix, de dialogue, et d’écoute

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