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Fondation Abbé Pierre : santé et mal-logement à Mulhouse

une famille dans son logement (médiathèque Fondation Abbé Pierre)

Le 21ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés vient de faire apparaître qu’en 2016 une importante aggravation de la situation a provoqué le décrochage des couches populaires, tandis que les classes moyennes ressentent désormais concrètement les effets de la crise.

Parmi les très nombreuses informations fournies par ce rapport émerge une problématique qui a été étudiée de manière plus approfondie : santé et logement forment un cercle vicieux dont il est particulièrement difficile de sortir.

Pour la première fois en Alsace, et plus particulièrement à Mulhouse, l’étude menée par Odile Fournier, bénévole de la Fondation, pose la question du logement en tant que problème de santé publique.

Quand on est obligé d’effectuer des choix dans la hiérarchie des urgences, il en découle une perte progressive de l’estime de soi avec disparition du paysage social à cause d’un logement qu’on ne peut plus montrer à des tiers, ni le visage marqué par une denture qu’on n’a pu soigner.

Le yoyo auquel sont soumis les précaires accentue la descente progressive vers une quasi « décorporalisation » tant l’accès aux moyens de se soigner s’amenuisent. Le corps est alors négligé car il faut faire face à d’autres urgences, à commencer par celle du toit et des murs souvent en mauvais état. Les relations avec les bailleurs se détériorent simultanément. Quand les habitants de ces logements ne sont pas expulsés à la fin de la trêve hivernale, l’instabilité de leurs parcours les empêche d’envisager un déménagement même pour un logement moins cher : ils sont pris dans la spirale. Les fragilités de l’habitat vont de pair avec un accès aux soins chaotique, certains soignants refusant les patients ayant-droit de la Couverture médicale Universelle (CMU). Parmi les populations les plus en difficulté on retrouve les gens du voyage sédentarisés et les personnes prostituées qui veulent s’en sortir. Il ne faut pas oublier non plus les sortants de prison, les jeunes précaires, et les veuves dont la pension de réversion permet à peine de payer le logement.

Quand se surajoute un problème de santé mentale, ce qui n’est pas rare, le cloisonnement entre sanitaire et social, complété par une politique d’austérité, fragilisent notamment ce type d’habitants qu’on ne place plus en institution. Personne ne vient à leur domicile et ils devraient tenter se débrouiller avec des guichets, sur Internet. Les personnes qui assuraient une vigilance bienveillante comme les gardiens d’immeubles, qu’on a supprimés, ne sont plus là pour faciliter un signalement.

Néanmoins, les réponses adaptées sont encore nombreuses dans la cité du Bollwerk. Elles sont tributaires des dotations que les collectivités réduisent ou suppriment, ne recevant plus assez de dotations de l’Etat. Il s’agit de  :

  • Permanence d’Accès aux Soins (PASS)
  • Equipes transversales (psychiatrie)
  • Plate-forme de santé

La table-ronde publique qui s’est tenue à Mulhouse le 21 avril a permis à l’ensemble de ces acteurs de s’exprimer devant les politiques, et de leur envoyer des messages particulièrement clairs :

  1. Comment décloisonner pour que les réponses puissent se faire de concert ?
  2. Placer le logement comme urgence sociale, à défaut duquel les problèmes de santé qui s’ensuivent coûtent beaucoup plus cher qu’un traitement rapide de la question initiale. Mais comme ce ne sont pas les mêmes décideurs et financeurs, cela génère des coûts cachés qu’il faudrait avoir l’intelligence collective de faire disparaître par la concertation et par la modification des lois et de la réglementation.
  3. Et enfin demeure la question fondamentale de la considération que l’Etat a pour ses citoyens fragiles : la simple considération pratique et concrète qui pourrait leur restituer un peu de pouvoir pour reprendre en main leur propre vie, étant dégagés des urgences absolues ; cela nécessite aussi un accompagnement dans le temps, temps que les élus délimitent souvent à la durée de leur mandat et de leur réelection.

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